Philippe Desrochers
An Unlikely Peace: American Missionaries and the Chinese Communists, 1948-1950
Author(s): Nancy Bernkopf Tucker
Reviewed work(s): Source: Pacific Historical Review, Vol. 45, No. 1 (Feb., 1976), pp. 97-116
Published by: University of California Press
Stable URL: http://www.jstor.org/stable/3637302 .Accessed: 02/01/2012 16:30
Nancy Bernkopf Tucker joua plusieurs rôles importants dans sa carrière. Professeure à l’université de Georgetown, elle fut considérée comme une autorité du cas politique chinois et taiwanais. Elle occupa de nombreux postes gouvernementaux de haut niveau concernant les politiques étrangères, majoritairement celles se liant à l’Empire du Milieu.
Ce texte traite des relations partagées entre les missionnaires religieux, particulièrement des Américains prêchant le christianisme, et l’instance gouvernementale chinoise. L’auteure indique d’abord qu’il est communément admis que la période de 1940 à 1950, sur ce cas précis, est très peu documentée, et que les documents s’y rapportant sont relativement vagues et traite souvent des mêmes sujets généraux, se concentrant sur des évènements marquants plutôt que des homologations relatant les activités et évaluant les performances et l’influence des différentes actions misent en place. L’influence de ces travaux sur les politiques américaines serait également presque totalement omise. Elle juge qu’un pan de cette dite période, soit celle s’étendant des années 1948 à 1950, est particulièrement mal représentée en lettres. Ce temps critique, durant lequel le Parti Communiste Chinois a fondé ses assises et monta au pouvoir officiel, fut tumultueuse et pleine de particularités historiques ayant éclipsé le travail des missionnaires étrangers en Chine. C’est sur cette période qu’elle s’attarde davantage.
Elle présente d’abord la vision chinoise de ces missionnaires. Malgré les différences (catholiques/protestants, fondamentalistes/modernistes, pro-nationalistes/procommunistes), Tucker écrit qu’il en était du pareil au même pour la majorité des Chinois. Ils sont initialement perçus comme de faiseurs de prosélytisme et comme incarnation de l’opposition étrangère au nouveau régime. Elle relate pourtant d’un climat de tolérance du PCC envers les groupes religieux, de 1948 à 50. Le gouvernement communiste et l’Église chrétienne sont pourtant antithèses, oppositions directes du pouvoir. Malgré une tradition plutôt anti-missionnaire, on leur donnera le bénéfice du doute. Avec les mouvances de l’armée rouge, différents traitements seront réservés aux missionnaires, dépendamment de la région et de son corps gouvernant. Mao semble rester fidèle à ses mots prononcés en 1926 :
"It is the peasants who made the idols, and when the time comes they will cast the idols aside with their own hands."
Le sort de la religion et des missionnaires semble donc avoir été laissé aux mains de la masse lors de l’établissement officielle du PCC. Ainsi, un climat de tolérance s’est créé. De nombreux missionnaires gagneront espoir, jusqu’à-ce qu’advienne la Guerre de Corée. Cette guerre raviva la flamme anti-américaine, par extension celle envers ses représentant les plus nombreux : les missionnaires religieux. Ce fut le déclin de la condition desdits missionnaires en Chine. Ne voulant pas faire d’eux des martyrs, on tenta de les chasser d’autres façons, par persuasion. On voulait redonner le fait religieux chinois au peuple concerné. Zhou Enlai, en 1950, encouragea à ses compatriotes d’identifier la présence des missionnaires américains à son impérialisme. De nombreux membres du corpus chrétiens furent incarcérés ou durent faire face à la justice sous accusations d’espionnage ou de sabotage. La protection autrefois promise de l’Armée rouge fut dissipée.
Les missionnaires mêmes portaient un regard différent du PCC. Alors que les fondamentalistes tels les disciples de l’Église catholique romaine voyait un grand mal satanique dans le Parti Communiste qu’ils se devaient de purger, les modernistes voyait plutôt un régime partageant des similarités avec leur Église, étant tous deux avocats de l’égalité, de ne pas chercher le profit et d’éviter la compétition. Les modernistes étaient pour une approche communautaire, offrant services sociaux et éducation, alors que les fondamentalistes avaient une vision unifiée de la conversion.
Ce texte nous est utile pour démystifier le sort des missionnaires étrangers durant une période rocambolesque et mal documentée. Le texte en tant que tel offre davantage d’informations proposant des idées efficacement transmises. Il se concentre sur les années 1948 à 50, mais retourne dans le passé mainte fois pour expliquer pourquoi il en fut ainsi. L’auteure dit donc que cette période en fut une de presque neutralité entre le gouvernement chinois et les corps religieux étrangers. Toutefois, la Guerre de Corée, que l’auteure considèrent apparemment comme évènement marquant la fin de la présence importante des missionnaires américains en Chine, raviva des flammes pas encore éteintes et les étatsuniens en payèrent le prix. Tucker rappelle, à la fin du texte, que si le Guerre de Corée n’aurait pas eu lieu, nul ne sait comment les relations précaires analysées ici auraient évolué.
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