samedi 20 avril 2013

The red, black, and gray markets of religion in China

Texte de Fabrice Tô

YANG, Fenggang. The red, black, and gray markets of religion in China. The SociologicalQuarterly, 2006, vol. 47, no 1, p. 93-122.

Yang Fenggang est un sociologue des religions chinoises, formé d'abord à l'Université du Peuple (Renmindaxue) à Beijing puis aux États-Unis, où il s'est converti au protestantisme et a fait carrière. Il est maintenant professeur à l'Université Purdue où il a fondé un très actif centre de recherche sur la religion en Chine. Adepte convaincu du paradigme du marché religieux (ou rational choicetheory), il développe depuis la fin des années 1990 sa propre théorie sur cette base, et l'a déjà largement diffusée par un nombre important d'articles dans les grandes revues de sociologie des religions.

L’auteur décrit les religions chinoises comme faisant parti de trois catégories : les religions autorisées par l’État, les religions interdites officiellement et les religions avec un statut ambigu. Cette théorie, issu de l’auteur lui-même, s’appuie sur plusieurs textes provenant des États-Unis qui tente de comprendre comment les facteurs qui vont aider la propagation de la religion dans un pays. Il utilise en particulier l’approche économique de la religion, c’est-à-dire l’idée qu’il est important d’avoir un « marché » pour faciliter la propagation d’une idée théologique. L’auteur reproche cependant à cette théorie d’exclure des pays comme la Chine qui ont un « marché » complexe et très différent de ce qu’on peut retrouver en Occident. Il insiste en particulier sur les croyances populaires, qui sont souvent oubliées par les chercheurs théologiques puisqu’elles sont plus rares en Occident. On parle ici des shamans, gourous, sorcières, bref, des gens qui ne font pas parti d’un clergé ou d’une organisation en particulier. C’est pourquoi l’auteur explique que sa théorie des trois marchés permet à l’approche économique d’englober d’autres sociétés, particulièrement celles qui sont aux prises avec de fortes régulations religieuses.


Cette régulation, qui est vu par l’auteur comme une variable qui doit être prise en compte pour différencier les sociétés, est souvent utilisée pour réduire et parfois éliminer la religion d’une société. Cependant, le contrôle religieux engendre toutes sortes de conséquences dont une division des marchés, selon l’auteur. Il y a tout d’abord le marché légal (ou le marché rouge), qui est dirigée par le gouvernement et qui n’est pas ouvert à toutes les religions. Le marché noir, lui, contient les religions déclarées illégales par le gouvernement. Pour finir, le marché gris, qui est la pierre angulaire de la théorie de l’auteur, comprend plusieurs groupes qui sont rarement définis. L’auteur y inclus les activités religieuses illégales des groupes religieux légaux et les pratiques spirituelles qui sont culturelles. L’auteur explique la difficulté de restreindre légalement les frontières religieuses qui sont souvent très ambiguës.

Selon Fenggang Yang, il est impossible d’éliminer la soif de religion d’une population. Il prend d’ailleurs comme exemple la montée du « Maoïsme » ainsi que l’éclosion du qigong après l’ère post-Mao, qui vont former une alternative possible face à la répression virulente de l’époque. Selon lui, plus le contrôle religion est restrictif, plus la population va chercher à trouver une forme de spiritualité, comme nous l’avons vu avec David Palmer.  Il est justement possible de faire un lien avec cet article et la montée du Falun Gong, qui fait bien entendu parti du marché noir selon la théorie de l’auteur.

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