samedi 13 avril 2013

Rewriting Jesus in Republican China


Rewriting Jesus in Republican China: Religion, Literature, and Cultural Nationalism Author(s) : Zhange Ni, Reviewed work(s): Source: The Journal of Religion, Vol. 91, No. 2 (April 2011), pp. 223-252

Par Raphaël Lachkar

      Dans son essai, Zhang s’interroge sur le rôle du christianisme dans la construction culturelle nationaliste chinoise du début du siècle (1920-1940).
      En effet, selon l’auteur, la religion fut l’un des thèmes les plus abordés par les différentes affiliations intellectuelles (dont le mouvement pour la nouvelle culture) en 1910-1920. La Chine sortait d’une période d’inféodation impériale et occidentale qui plus que tout nourrit ses velléités de construction culturelle par le nationalisme. Il était entendu que la religion n’aurait plus lieu de s’exprimer dans l’appareil étatique, cependant, son implication dans la construction culturelle restait plus partagée.

      La nouvelle culture chinoise s’est bâtie en partie avec le célèbre mouvement littéraire du 4 mai, Zhang Ni comprend l’implication religieuse occidentale ici comme une réponse à la soif de modernité et d’inspiration spirituelle des jeunes auteurs de l’époque. Ainsi, la Bible et la mythologie grecque furent traduites et réinterprétées et Jésus indigènisé et tourné en héro nationaliste. L’ensemble du mouvement avait pour vocation d’asseoir une pensée rationnelle stable et novatrice afin de se détacher de son héritage soumis et traditionnel pour donner naissance à une nation forte. Paradoxalement c’est chez l’oppresseur occidental que les modernisateurs se tournèrent, d’où la recherche de symboles chrétiens.

      Zhang Ni rappel l’ambiguïté de l’assimilation : s’inspirer des cultes occidentaux c’était faire preuve de féodalisme et superstition ou donner plus de force à un outil de l’hégémonie occidentale. Ainsi l’influence de l’Ouest ne s’est pas faite sans réserve, mais sélectivement. De la Bible et la chrétienté en général les chercheurs chinois appliquèrent une emphase sur le christ, Zhang Ni parle d’indigénisation de Jésus. Les principaux groupes de recherche et d’émission de la religion catholique virent chez le christ un martyr socialiste, issu des classes défavorisées et victimes de la pression des puissants. Les essais inspirés de la Bible abordèrent le personnage sous un angle complètement différent, plus humain et victime du système, ils le démystifièrent pour le resacraliser ensuite sous les couleurs du nationalisme chinois. Alors que les années 1940 voient l’occupant japonais effriter un peu plus la souveraineté nationale, Jesus devint vite un symbole nationaliste chinois. Plus que de le radicaliser et le siniser, les auteurs inclurent des préceptes confucéens dans leurs écrits. Les miracles de la bible furent compris comme des paraboles morales très similaires à celles des textes confucéens.

      Zhang Ni termine par illustrer brièvement les leitmotivs respectifs aux vecteurs de la réinterprétation et promotion du Christ :
-    Les Chinois chrétiens ont réécrit les textes pour défendre Jésus des critiques. Ils en firent une personnalité rationnelle, socialiste, réaliste.
-    Les Chinois non chrétiens interprétèrent les écrits bibliques pour rendre Jésus natif, anti-impérialiste et symbole d’une nouvelle culture moderne.
Ces deux profils réagissaient cependant aux mêmes frustrations intestines, selon l’auteur, ils furent les acteurs d’une : «  nation seeking position of equality and différence in a restructured world ».

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