samedi 13 avril 2013

Chinese Protestant Christianity Today

Clémentine Cloutier

Daniel H. Bays, Chinese Protestant Christianity Today, The China Quaterly, 2003, pp.488-503

Après avoir obtenu son doctorat en histoire de la Chine moderne à l’université du Michigan, Daniel H. Bays enseigne l’histoire pendant 29 ans à l’université du Kansas. En 2000, il commence à enseigner au Collège Collins et est directeur du programme d’études asiatiques. Étant passionné pour l’histoire de la Chine, sa politique, sa société et sa religion et ayant beaucoup voyagé en Asie, il publie plusieurs livres et articles notamment celui que nous allons commenter.
Cet article parle du protestantisme en Chine et de sa position actuelle au sein de la Chine, s’appuyant sur plusieurs livres et articles écrits tant par des occidentaux que des asiatiques. Ce texte rentre dans le cadre du cours car il nous explique l’ampleur et la constitution du mouvement protestant en Chine.

    Selon l’auteur, la croissance du protestantisme en Chine a été notée à partir du début des années 80 par plusieurs études et recherches dont les points de vue diffèrent autant que leurs données : selon l’étude de Hunter et Chan, que l’auteur site plusieurs fois, il y aurait au moins 20 millions de protestants en Chine en 1993. Selon le TSPM (mouvement patriotique protestant triplement autonome) il y en aurait 15 millions. Ce qui ajoute l’incertitude de ce chiffre sont l’apparition de nombreuses Églises en campagne (difficile de tenir le compte) et que beaucoup de fidèles sont dans des communautés chrétiennes autonomes (ne sont pas comptabilisés dans les statistiques du TSPM).

    Comme toutes les religions en Chine depuis le régime impérial, le protestantisme est contrôlé par l’État (surtout les pasteurs TSPM). Les autres groupes autonomes protestants sont plus sujets à des punitions physiques, sentences criminelles... Plusieurs protestants choisissent d’être autonomes à cause de principes religieux, d’une animosité envers certains leaders du TSPM ou par manque d’église TSPM dans les campagnes… Il y aura toujours une tension entre un grand nombre de protestants autonomes et l’État chinois. D’ailleurs, le personnel de l’Église n’est pas suffisant pour la vague de convertis entamée au milieu des années 90. Cela a favorisé le développement de plusieurs groupes sectaires dénoncés par le TSPM et par les Églises souterraines.

    Dans plusieurs églises urbaines il reste des influences occidentales (dans l’architecture, la musique, la théologie) : le modèle étranger était très puissant et la dernière génération de leaders formés avant 1949 a encore de l’influence. Ironiquement selon l’auteur, le TSPM, créé afin de se séparer des Églises occidentales dans les années 50 et de créer une église qui s’autogouverne et s’autofinance, perpétue les apparences et le ton des anciennes églises missionnaires. Les Églises souterraines utilisent aussi des traductions de textes de dévotion classiques occidentaux et plusieurs éléments théologiques importés d’occident (dispensationalisme : mode de lecture de la Bible).
    Une partie de celles-ci vient d’églises indépendantes chinoises fondées au début du 20e en réaction à la construction des églises des missionnaires. Aujourd’hui, plusieurs communautés autonomes chrétiennes gardent les traditions et pratiques théologiques de ces églises indépendantes (ex : les pentecôtistes). Le protestantisme chinois est donc composé de traditions des anciennes églises missionnaires et des églises indépendantes.
    La grande majorité des protestants chinois vivent dans des aires rurales et ont peu de connaissance des doctrines et rituels chrétiens qui sont connus des chrétiens urbains. Plusieurs activités chrétiennes sont reliées à des rites culturels traditionnels comme le processus de prière, des phénomènes charismatiques comme le shamanisme… Le protestantisme chinois a des pratiques quotidiennes  différentes de celles de l’ouest mais des doctrines similaires. Il a touché aussi des minorités ethniques (les gouvernements de certains des comtés du Sud-ouest promeuvent la conversion au christianisme pour essayer de réduire les problèmes de santé et d’ordre public).

Au 19e, les chrétiens convertis étaient pauvres et marginalisés. Au 20e, ils constituent des congrégations de classe moyenne grâce aux écoles protestantes des missionnaires. Dans certaines villes (en 1990), la réapparition du protestantisme va de paire avec une croissance économique. Mais les croyants ruraux sont différents des urbains : ils sont plus pauvres et selon l’auteur se sont convertis plus pour survivre grâce au support de la communauté religieuse protestante que par foi.
La communauté protestante chinoise est présente dans les services sociaux, surtout à travers la Fondation Amitié qui aide les handicapés physiques mais qui n’est pas présente publiquement (média, télé). Cette communauté fait partie d’une société civile émergente en quête d’un espace indépendant pour leur activité religieuse.
De plus, le fait que la Chine se soit ouverte au marché extérieur est synonyme de changements économiques et sociaux importants. De la même façon que des régions de Chine se transforment en Silicon Valley, selon Daniel Bays, on peut s’attendre à ce que le protestantisme suive un modèle extérieur d’expansion.


L’auteur conclue en disant que le mouvement protestant est une importante entité non gouvernementale en Chine : l’Église chinoise, bien que considérant les chrétiens occidentaux menaçants (souvenir des missionnaires), essaie de maintenir de bonnes relations avec les Églises étrangères et accueille leurs leaders. Selon l’auteur, ces contacts étrangers ne sont pas néfastes au protestantisme. La majorité des chrétiens chinois ont été convertis par des chinois, pas par des missionnaires étrangers. Même si des groupes chrétiens étrangers participent au développement du mouvement protestant en Chine, ils ne sont pas essentiels à son développement bien entamé.
Depuis quelques années, le christianisme n’est plus qu’une religion occidentale en tant que nombre de croyants et de pratiquants.

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