Texte de Thomas Mogharaei
David Palmer, « Le Qigong et la tradition sectaire
chinoise »
Dans
cet extrait intitulé « Le Qigong et la tradition sectaire chinoise »,
David A. Palmer cherche à démontrer l’existence d’une filiation entre la
pratique actuelle du Qigong et une certaine forme de sectarisme déjà reconnue
dans la société chinoise précommuniste.
Brièvement il rappelle d’abord que c’est
dans les années 80’ à 90’ que le Falun Gong s’est le plus considérablement
développé. Ensuite, à partir de 1999, le gouvernement chinois a commencé à
réprimer ce mouvement, ce qui a provoqué son retranchement dans la
clandestinité.
Dans
le résumé de l’extrait, je reprendrai la division en deux temps, celle utilisée
par l’auteur.
Le Qigong en
Chine populaire
Le Qigong,
parent du falun gong, s’est développé à la fin des années quarante, sous l’impulsion
de certains cadres du Parti communiste. C’était initialement une gymnastique du
corps, rattachée aux autres médecines chinoises traditionnelles. Après avoir
connu un certain succès, il est interdit pendant la révolution culturelle
(1966-1976). Quand le mouvement du Qigong réapparait en 1979, il retrouve très
vite une popularité sur l’ensemble du territoire chinois. Aux enseignements de
base (corporels, respiratoires et mentaux), s’ajoute désormais une mystique de
la guérison par la magie. Quoique que le gouvernement n’exerce qu’un contrôle
indirect, le mouvement compte des millions de membres, ce qui engendre
certaines interrogations : son aura et son influence sont grandes.
L’importance
du mouvement est telle que beaucoup de petites entités naissent, avec chacune
leurs spécificités. Ainsi apparaitra le Falungong ; Li Hongzhi en est le
fondateur. Au fur et à mesure de la multiplication de ses membres, son
influence a augmenté. De 1996 à 1999, les critiques du gouvernement étaient à
chaque fois suivies de ripostes, jusqu’en 1999, date à laquelle le gouvernement
a finalement opté pour une cinglante répression visant à faire disparaître totalement
le mouvement. Depuis, le Falungong bien moins d’adeptes et pour ceux qui sont restés,
la pratique est devenue clandestine.
Les antécédents
du Qigong dans la tradition sectaire
Le Qigong fonctionne par groupuscules
pour permettre à ses membres d’échanger et de diffuser plus facilement les
enseignements. Ce moyen d’organisation est le point de départ de la comparaison
avec l’organisation sectaire traditionnelle en Chine. Contre le pouvoir des
Ming par exemple, ces groupes anciens avaient participé à des activités de
révolte contre l’État. Ces « Lotus Blanc » ont connus un succès
notable au XIXe et début du XXe.
L’homogénéité des groupuscules
compris dans l’appellation « Lotus blanc » fait débat. Certains sinologues
y voient la marque d’une réflexion commune sur l’histoire et la société (Susan
Naquin), d’autres une étiquette inventée par l’État (Barend ter Haar) ; des
témoins de la tradition et du « fondamentalisme populaire » est
l’expression préférée par David Ownby.
La définition appliquée à ses
groupuscules doit à la fois trancher avec le concept de « religion »
qui est héréditaire, ainsi qu’avec l’idée que la secte n’impose pas a priori de
définition englobante de la société, qu’elle laisse ainsi à chacun le soin d’y
trouver sa place conformément à ses interprétations. À contre-courant de la
tradition, certaines sectes vont par exemple voir des hommes jeunes enseigner à
des gens âgés et aussi très instruits. Cette réalité des sectes se retrouve aussi
dans le Qigong.
L’auteur explique notamment ce succès
par la simplification que produisent les sectes pour l’accès à la tradition.
Par exemple, le Falungong mélange les vertus de « l’ascèse
corporelle » (taoïsme) et de « l’ascèse spirituelle »
(bouddhisme).
Quant aux méthodes d’intégration des membres,
l’auteur souligne que la médecine, à l’origine du Falungong, est un moyen
d’instaurer un cadre de patient/médecin, éloignée en apparence des rapports de
maîtres/élèves, aussi éloignée de la formule des offices religieux ; ce
qui facilite l’approche et l’entreprise de conviction.
L’auteur conclut sur l’échec apparent
de l’État à réprimer un mouvement qui s’est finalement éparpillé sous l’effet
de la répression, et qui en est devenu d’autant plus mystique que l’État en a
perdu le contrôle.
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