dimanche 12 février 2012

Le Qigong, une expression de la modernité chinoise


Texte de Julie-Pier St-Georges


Despeux, Catherine. « Le Qigong, une expression de la modernité chinoise », in Gernet, Jacques et Kalinowski, eds En suivant la voie royale : mélanges offerts en hommage à Léon Vandermeersch, Paris : École française d'Extrême-Orient, 1977, p.267-281.


Catherine Despeux est une sinologue française experte dans le domaine du taôisme. Elle est professeure des universités à l'institut national des langues et civilisations orientales (INALCO). Dans cet article, elle expose l’évolution du qigong vers la modernité ainsi que vers la science. 


Le terme qigong apparaît dans un texte datant des Tang. Par contre le terme évoluera à travers les époques ainsi qu’à travers le XXe siècle. Après 1949 la discipline englobe « techniques martiales, gymniques, respiratoires, de visualisation, de concentration mentale de transe ou d’hypnose [...] » (Despeux, Catherine, p.268). Il est possible de le diviser en deux catégories soit le dur et le souple. De plus, la classification du qigong se fait à travers quatre branches; le courant taoïste, bouddhique, médical et confucéen. 



Lors des années 1955-1960 se crée les premiers organismes officiels. Ces organismes se concentrent uniquement sur la fonction thérapeutique. Le gigong lors de cette époque est appuyé par Mao. Le grand promoteur de cette discipline apparaît en 1955, Liu Guizhen. En utilisant la méthode de « culture interne », il aurait guéri des nombreux maux dont il souffrait en « cent jours ». Il fonde un centre thérapeutique en 1955 et l’année suivante le qigong passe à l’étape suivante en formant des professeurs. Toujours en 1955, a lieu le premier colloque international du qigong à Paris. Cependant, le fleurissement du gigong est arrêté par la Révolution culturelle et inclut dans la catégorie des superstitions. Cette discipline reviendra dans les années 1980 sous « l’ère postmaoïste ». Les années 1980-90 ont été fleurissantes pour cette discipline sur la scène nationale et internationale. Cette reprise voit s’établir le parallèle entre le qigong et la science. La « fièvre du qigong » débute en 1985 et atteint son paroxysme entre les années 1987 et 1989. 


En 1985 est créée « l’Association de recherches scientifiques sur le qigong ». Malgré l’opposition des maîtres religieux envers le caractère scientifique, ils ont formé des maîtres du qigong. Ce n’est pas parce que cette discipline est associée à la science qu’elle répond à tous les critères de la science occidentale. « […] L’efficacité du résultat suffit bien souvent à justifier les hypothèses de départ et la scientificité de la méthode. » (Despeux, Catherine, p.274) La recherche scientifique dans ce domaine s’oriente vers la description de ce qu’est le qi et vers son fonctionnement.


Souvent dans le discours, le qigong est mis au service de l’État. Ceci puisqu’il permet de créer des surhumains. Ces surhumains peuvent posséder la capacité « de dévier les missiles ou les rayons laser » (Despeux, Catherine, p.276). Ceci entre dans une tentative d’égalité avec les Russes qui effectuaient des recherches sur les pouvoirs parapsychologiques. 


Le qigong permettait d’intégrer des éléments typiquement chinois à la modernité. Pour ce faire, il faut inventer de nouvelles techniques ainsi qu’un nouveau vocabulaire. Le qigong est aussi utilisé par le gouvernement. 

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