vendredi 10 février 2012

Le Qigong et la Tradition Sectaire Chinoise


Texte de Pascale Couturier


David A. Palmer, «Le Qigong et la Tradition Sectaire Chinoise», 2003, in Social Compass, p. 471-480
David A. Palmer est un historien ayant fait un doctorat à l’EPHE, Sorbonne. Il se spécialise en l’étude de l’anthropologie socioculturelle, de la société civile, de la religion, ainsi qu’en l’étude de l’état, la société et la culture traditionnelle de la Chine contemporaine.


Dans son texte, Palmer tente de démontrer comment le qigong se place dans la tradition sectaire populaire chinoise (présente depuis le régime dynastique) et en quoi il en est une expression moderne. 


En premier lieu, l’auteur dévoile l’importance populaire du qigong, établi en 1940 par le PCC et rétabli en 1979 après la Révolution culturelle, diffusé dans les points de pratique collective publics. Le qigong a des dizaines de millions de pratiquants divisés en plusieurs branches connexes, dont le Zhonggong et le Falungong. Cette « secte » représente un immense mouvement populaire qui échappe au contrôle du gouvernement. Elle est divisée en plusieurs lignées ayant des maitres indépendants, parfois fondamentalistes (comme dans le cas du Falungong). Depuis 1999, les réseaux de qigong font partie des sociétés souterraines secrètes. 



Puisque le qigong n’est pas considéré comme une religion instituée, on le compare au sectarisme - plus précisément à celui ayant critiqué l’autorité politique pré-communiste comme la « religion du Lotus Blanc ». Or, l’auteur n’est pas précis dans ses comparaisons du qigong aux sectes pré-communistes. Cela rend la compréhension difficile pour les lecteurs qui ne connaissent pas les particularités de ces sectes plus anciennes.  


Palmer évoque de nombreuses définitions du mot « secte ».  Dans le cadre du texte, l’auteur favorise la définition sociologique de Weber : une forme particulière d’organisation religieuse à laquelle on adhère volontairement. 


Encore comparativement à la « religion du Lotus Blanc »/aux sectes ‘méditatives’ sous les Ming et Qing (et contrairement au confucianisme), le qigong n’est pas constitué de manière hiérarchique et tous peuvent y adhérer, sans contraintes sociales, d’âges ou de genre. Le qigong permet une participation religieuse active à un grand nombre de personnes et permet à n’importe qui de vivre la ‘pureté originelle’ des traditions chinoises. L’individualisme lié à la pratique corporelle est un autre élément important du qigong puisqu’il mène à un processus de transformation personnel et humanitaire. 


Palmer accorde de l’importance aux liens de la culture corporelle entre le qigong et les autres traditions sectaires chinoises. D’après lui, le qigong a connu un succès propagé grâce à son aspect magique/mystique, ses pratiques corporelles de guérison, sa facilité et sa mobilité – « le corps devient le temple de l’adepte sectaire. » Ceci dit, le qigong use de techniques semblables à celles des sectes pré-communistes. 


Pour conclure, l’auteur donne l’hypothèse que l’État chinois serait en partie responsable de la propagation du qigong. L’affaiblissement des religions orthodoxes aurait créé le contexte idéal pour le développement de sectes basées sur le corps, l’engagement volontaire et l’individualisme. Le qigong s’adapte facilement au système de répression, et c’est ce qui explique qu’il a résisté à la Révolution culturelle et qu’il résistera probablement au régime actuel. 



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