jeudi 26 janvier 2012

La campagne antireligieuse de 1922


Texte de Victor Klein


Bastid-Bruguière Marianne. La campagne antireligieuse de 1922. In: Extrême-Orient, Extrême-Occident. 2002, N°24, pp. 77-94


Marianne Bastid-Bruguière est une sinologue française. Elle a enseigné à Pékin et en France. Elle s’intéresse particulièrement aux questions d’éducation en Chine ainsi qu’aux relations franco-chinoises. 


L’auteure veut à travers son texte : La campagne anti-religieuse de 1922, exposer les nouveautés dans le discours anti-religieux chinois au vingtième siècle. Une de ses nouvelles composantes étant un anti-cléricalisme exacerbé.


Elle se sert pour soutenir sa thèse de nombreux articles publiés dans les revues de l’époque, des archives du Komintern, de compte-rendus de conférences et de correspondances entre intellectuels chinois. 



Dans un premier temps, elle remet en contexte le mouvement anti-religieux ayant prit naissance à Shanghai et les idées théoriques des différends chercheurs sur les visées d’une telle protestation. Si, pour certains l’option nationaliste prime, s’unir pour mieux lutter contre l’invasion étrangère sous toutes ses formes, pour d’autres c’est la xénophobie qui prend une place majeure. La chercheuse, quant à elle, veut mettre en avant le facteur anti-cléricale et la poussé d’une rationalité scientifique parmi les élites. 


L’élément historique original que dévoile la chercheuse, est que cette protestation aurait été déclenché par des agents soviétiques du Komintern et des communistes chinois. Elle ne s’attarde malheureusement pas longtemps sur ce point, cela reste donc très flou. 


Pour l’auteure, le principal renouveau de ce mouvement est celui de l’attaque de la religion non comme pensée, ce qui a déjà eu lieu en Chine, mais comme institution, comme Église équipée d’un clergé. Mais pourquoi ? s’interroge-t’elle. Il faut préciser que l’institution visée est surtout celle chrétienne, les fois orientales sont quelque peu épargnées. 


Pour les premiers protestataires de Shanghai ce serait en vue de s’insurger contre une institution qui prônerait et aiderait les buts impérialistes et capitalistes en Chine. Ces intellectuels sont fortement influencés par le mode de pensée communiste. L’anti-cléricalisme aurait-été une arme empruntée aux laïques européens dans le but de libérer les chinois de l’oppression étrangère. 


À Pékin, les membres du mouvement visent plus la religion en elle-même. Il préfèreraient y substituer le progrès, la rationalité, l’esprit scientifique. Les thèmes anti-impérialistes sont moins présents, la religion étant plus une arme d’affaiblissement des esprits en général qu’une arme occidentale. L’abandon de la religion permettra de libérer l’esprit pour les principaux penseurs pékinois. 
À un niveau plus politique, on peut situer l’action anti-religieuse comme un moyen de professer le nationalisme. Ainsi, on dénonce les écoles des missionnaires chrétiens qui subtilement transformeraient les chinois en des amis des impérialistes et des capitalistes. Les acteurs chinois veulent reprendre la main et promouvoir la souveraineté dans le domaine de l’éducation. Cela sert l’État chinois dans sa volonté d’unification de la Chine. 


La principale conclusion de l’auteur est que le mouvement à la base communiste a vite été récupéré par des intellectuels chinois en vue de promouvoir la modernité et l’esprit scientifique du vingtième siècle. 


C’est un texte très théorique et historique, légèrement flou, car la succession de présentation des points de vue des penseurs chinois ne laisse pas de place à la critique ou à d’autres points de vue. Si l’auteur propose une nouvelle base au mouvement, l’anti-cléricalisme, elle revient vite vers d’autres thèses, exposés par les auteurs vus en introduction. 


Le texte est une ouverture intéressante sur cette période chinoise mais il est dommage que les propos des chinois ne soit pas mis en contexte avec des éléments de l’action des missionnaires et des religieux. Ainsi on a l’impression qu’en ne parlant que des penseurs chinois anti-religieux l’auteure approuve leurs thèses car elle ne les relativise pas. Le texte sous forme de compte rendu des points de vue de chacun devient alors un peu trop théorique et on se demande qu’elle fut la réalité plus pratique. 

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