dimanche 29 janvier 2012

Un vandalisme d’État en Extrême-Orient?


Text de Marc-Antoine Arel


Nathalie Kouamé et Vincent Goossaert, “Un vandalisme d’État en Extrême-Orient? Les destructions de lieu de culte dans l’histoire de la Chine et du Japon, ». Numen 53 (2006).
Nathalie Kouamé est une historienne, enseignant l'Histoire du Japon à l'INALCO, et Vincent Goossaert est Chargé de recherche au CNRS, équipe « Groupe de sociologie des religions et de la laïcité ».


À travers ce texte, les auteurs expliquent les faits vandalisme qui ont marqués l’histoire de la Chine et du Japon. Malgré la conception généralisée que l’Extrême-Orient constitue une terre de tolérance pour les religions, les auteurs réitèrent le fait que le vandalisme constitue un aspect majeur de la politique religieuse menée par les pouvoirs politiques de l’époque.



Dans un premier temps, la Chine et le Japon forment deux phénomènes distincts, et mis en comparaison par les auteurs. Le texte est également divisé en deux parties. Tout d’abord, il y est abordé les types de vandalisme, ainsi que leurs buts explicites. Puis, dans la seconde partie, les auteurs soulignent les analyses théoriques du phénomène de destructions des biens religieux.  


Ainsi, dans la première partie, on peut identifier cinq catégories de vandalisme d’État. Le premier étant de détruire pour réorganiser l’espace local. Ainsi, au Japon par exemple, plusieurs temples furent détruits au cours de la période 1580-90 pour cause de réaménagement urbain. Les espaces sacrés se virent rassembler dans un endroit précis, il s’agissait également de répondre à des besoins militaires, politiques, et idéologiques. En Chine, au début du XXe siècle, on constate également une destruction de temples dans la foulé de la modernisation urbaine, mais un autre but fut atteint en éliminant par le fait même plusieurs superstition au passage. 


Ensuite, il y a détruire pour purger des lieux de culte dont les desservants ont un comportement incorrect. Dans ce dernier cas, un temple pouvait être détruit si ces occupants avaient des pratiques jugées contraire à la bonne vertu. Toutefois, puisque les temples étaient souvent indépendants, les représailles visaient le temple concerné et non l’ensemble de l’organisation dite religieuse. Par la suite, on retrouve le principe de  détruire les lieux d’une idéologie hétérodoxe. Ainsi, plusieurs cultes considérés comme immoraux furent condamnés et détruits. L’État veut par cet acte affirmer sa puissance, et s’imposer face à des principes moraux divergents de l’idéologie du pouvoir. Parfois, les principes moralisateurs servent d’étoffe à un concours de pouvoir, l’exemple des politiques contre l’Église bouddhique, puissante et riche. Il est important de comprendre qu’il ne s’agit pas d’un phénomène antireligieux à part entière.


Puis, il y a détruire pour parer à une menace directe venant d’institutions religieuse, et finalement détruire pour réinventer la religion. C’est ce qui s’est produit en Chine, où plus de la majorité du million de temples existant en 1900 a aujourd’hui disparu. Cette transformation réside dans le désir de l’État d’améliorer la cohésion sociale, de moderniser le pays, entre autres en changeant les temples en école, et il y eu également le phénomène de la Révolution culturelle. 


Ainsi, le vandalisme de l’État en Extrême-Orient constitue une praxis d’État parmi d’autres. Il s’agit de contrôler le religieux, afin d’arriver à ses propres fins politiques. Le vandalisme est donc révélateur du rapport de force existant entre l’État et les institutions religieuses. C’est la construction d’un État moderne. 








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