dimanche 29 janvier 2012

La campagne antireligieuse de 1922


Texte de Pascale Couturier
Bastid-Bruguière, Marianne. La campagne antireligieuse de 1922. In: Extrême-Orient, Extrême-Occident. 2002, N°24, pp. 77-94
Marianne Bastid-Bruguière est agrégée d’histoire et de géographie et se spécialise sur la Chine contemporaine et moderne. Elle a enseignée et a fait des projets de recherche à Pékin et en France. Ses ouvrages lui ont donné une renommée internationale dans le monde de la sinologie et de l’histoire chinoise moderne. 
Dans le chapitre « La campagne antireligieuse de 1922 » de son livre Extrême Orient, l’auteure observe la campagne antireligieuse d’un angle nouveau. Elle tente de démontrer en quels points celle-ci témoigne d’anticléricalisme, d’influences occidentales et d’influences chinoises. Afin d’appuyer son argumentation, Bastid-Bruguière fait référence à de nombreux articles et monographies sur le sujet, ainsi que des correspondances de l’époque et des archives du Komintern. 

En premier lieu, des témoignages démontrent que ce mouvement antireligieux (principalement antichrétien) était à l’origine une manipulation du groupe communiste de Shanghai par des représentants du Komintern. Or, cette hypothèse reste incertaine, quoi que probable, du fait qu’il manque de documentation officielle sur le sujet. Cela ferait du mouvement antireligieux chinois une part dans le mouvement communiste et anticapitaliste de l’époque. Par ailleurs, l’auteure indique un changement important dans cette campagne; ils ont attaqué l’église en tant qu’institution et ils ne se sont pas contentés de critiquer l’aspect moral, dogmatique et idéologique de la religion. Ainsi, ces intellectuels ont remis en question le pouvoir que la religion occupait au sein de l’État et c’est de ce fait que le mouvement est passé d’une critique plus philosophique de la religion à une critique de l’anticléricalisme et du pouvoir institutionnel religieux.
 Les questions suivantes ont donc été soulevées : Est-ce que la croyance religieuse est compatible avec l’activité intellectuelle? La Chine avait-elle encore besoin de la religion? Ce débat a mené à des échanges et collaborations entre les intellectuels en France et les intellectuels chinois. Ils en sont venus à la conclusion que l’institution religieuse était au service de l’oppression capitaliste et de l’obscurantisme étranger et n’était pas nécessaire en Chine. De plus, l’anticléricalisme français a gagné en influence sur les discours chinois, notamment dans les conférences universitaires à Pékin. Le manifeste de 1922 a prit une position marxiste en dénonçant le capitalisme et le christianisme, sans traiter toutefois d’impérialisme. 
En 1922, ils ont crée la Ligue irréligieuse de Pékin présidée par Xiao Yu, qui avait comme cible principale le christianisme. Cette ligue avait comme objectif de combattre la religion au nom de la science, du progrès, de la souveraineté nationale et de la liberté intellectuelle. Cette campagne a fait naitre d’autres mouvements d’hostilité envers le christianisme. C’est ainsi que s’est formé un sentiment national en Chine par la critique du capitalisme étranger.

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