vendredi 14 septembre 2012

Anatomy of Regime Repression in China


Anatomy of Regime Repression in China de James Tong

Résumé par  Anne-Frédérique Déry

TONG, James. «Anatomy of Regime Repression in China : Timing, Enforcement Institutions and Target», Asian Survey, vol. 42, n˚ 6, Novembre/Décembre 2002, pp. 195-820.
James Tong, professeur à l’Université du Michigan spécialisé en politique chinoise présente cette analyse détaillée du calcul politique complexe derrière la répression du Falun Gong après la grande manifestation du 25 avril 1999. L’article se concentre essentiellement autour de trois questions : Pourquoi avoir attendu la date du 23 juillet de la même année pour bannir officiellement le Falun Gong de Chine ? Quels départements du gouvernement furent mis en charge de toute la campagne de suppression et comment les cibles et leurs sentences furent-elles choisies dans cette foule hétéroclite estimée à plusieurs millions de pratiquants?
En premier lieu, pour ce qui est de la question du «timing», il faut d’abord souligner que, très peu de temps après les événements d’avril, la Chine se retrouvera aux prises avec deux incidents diplomatiques importants c’est-à-dire le bombardement de l’ambassade de Chine à Belgrade ainsi que l’annonce de la «Théorie des Deux États» du président Taiwanais Lee Teng-Hui prônant l’indépendance. Le Politburo de Chine avait donc des affaires plus urgentes à régler à cette période, les affaires extérieures très médiatisées à l’étranger l’emportant sur les affaires intérieures, beaucoup plus discrètes. De plus il est nécessaire de compter un certain délai pour accumuler toutes les informations pertinentes sur le Falun Gong et ses partisans (le secrétaire général Jiang Zemin lui-même ainsi que plusieurs membres exécutifs du Parti n’avaient même jamais entendu ce terme auparavant). 

L’article présente par la suite un portrait détaillé des différents départements et responsables de la gestion de l’affaire Falun Gong. Le Politburo chinois fait preuve d’une organisation et d’un sang froid hors du commun, prenant même soin de créer un comité spécial pour régler la question, le Central Leading Group on Dealing with the Falun Gong (CLGDF). Après la très mauvaise gestion du débordement étudiant de 1989, le gouvernement chinois désirait régler ce cas avec efficacité sans tomber dans la précipitation. 
Finalement, le Politburo a pris soin de classifier les différents membres du mouvement Falun Gong et de déterminer quelles peines seraient les plus appropriées pour chacun d’entre eux. Il va sans dire que le Parti n’irait pas jusqu’à procéder à l’arrestation massive de plus de 2 millions de personnes ce qui congestionnerait le système juridique du pays.  La plus grande distinction se fit donc entre les participants dits «communs» d’avec les membres exerçants une plus grande influence au sein du groupe, les gugan (leaders). La sévérité des mesures disciplinaires décrétées pour chaque membre variait selon l’importance du rôle joué dans le mouvement Falun Gong et le niveau de soumission envers les autorités après son arrestation. 
James Tong  présente donc avec cet article l’impressionnante organisation de la bureaucratie en Chine moderne. Avec ce mouvement aux proportions inexplicables et sans précédent, le Parti parvint en l’espace de  quelque mois à accumuler toutes les ressources nécessaires pour mettre en place un système efficace de répression du Falun Gong. L’auteur affirme en conclusion que «la prochaine génération de groupes civils pourraient apprendre des erreurs du Falun Gong et adapter leur stratégie en conséquence» (p.820). Cependant, selon le régime et les membres du Politburo en place, toutes les réactions sont envisageables et les issues, imprévisibles.

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