vendredi 14 septembre 2012

Lost in the Market, Saved at McDonald’s


YANG, Fenggang, « Lost in the Market, Saved at McDonald’s: Conversion to Christianity in Urban China. », Journal for the Scientific Study of Religion (2005) 44(4):423–441

Texte par Audrey Boivin

L’auteur de l’article « Lost in the Market, Saved at McDonald’s : Conversion to Christianity in Urban China », Fenggang Yang, enseigne la sociologie religieuse à l’Université de Purdue et s’intéresse particulièrement aux religions pratiquées en Amérique et en Chine. Outre cet article publié dans le journal des études scientifiques de la religion, il a à son actif plusieurs autres textes d’importance consacrés à ce sujet et il a par ailleurs reçu quelques prix pour ses publications par le passé. 
Dans l’article dont il est ici question, l’auteur expose les résultats obtenus lors d’une recherche effectuée dans 8 villes chinoises entre 2000 à 2003 concernant les liens entre l’étique chrétienne et la transition économique en Chine. La plus part des rencontres que Yang a eues avec les catholiques protestants chinois ont par ailleurs eues lieu dans des restaurants McDonald’s, symbole du changement culturel et économique de l’époque. Grâce aux statistiques recueillies lors de cette étude, Yang dément entre autre une théorie populaire qui explique la conversion d’une religion à l’autre par le statut social marginal du pratiquant (personne seule, âgées, non-éduqué ou pauvre). En effet, une telle observation au niveau individuel ne permettrait pas selon lui d’expliquer l’important phénomène de conversion qu’a connu la Chine sur une plus grande échelle puisque les résultats de ses recherches démontre clairement qu’une part non-négligeable des nouveaux convertis étaient jeunes, éduqués et travailleurs de la classe moyenne.

L’auteur constate de plus qu’avant la 2e guerre mondiale les américains n’ont eu qu’une influence religieuse limitée en Chine. Pourtant, le christianisme protestant a par la suite commencé à prendre plus de place dans la société chinoise, et ce, sans qu’un effort particulier ne soit fait par les occidentaux. Afin d’expliquer comment cela a été possible, l’auteur a rassemblé des données concernant la progression du christianisme en Chine et parmi les immigrants chinois en aux États-Unis. Il s’intéresse particulièrement aux facteurs contextuels de l’époque, notamment la mondialisation de l’économie de marché combinée à une forte répression politique en Chine. 
Yang explique en effet que dans le cas des ressortissants chinois ayant immigré aux États-Unis, ce serait le contexte de changements sociaux et culturels accompagnés des troubles politiques ainsi que de l’effondrement du système culturel traditionnel chinois qui aurait le plus contribué à l’apparition d’un nouveau besoin spirituel. Quand aux nouveaux convertis en Chine, le christianisme aurait plutôt joué un rôle d’échappatoire spirituel dans un environnement tumultueux, autant au niveau politique qu’au niveau des défis de la modernisation. En effet, une fois la nouvelle économie de marché introduite en Chine, l’aspect planifié du travail et du style de vie d’un citoyen moyen est devenu incertain, chaotique. L’accès à un travail rémunéré n’était désormais plus une certitude et les chances de réussir professionnellement étaient minces. Cette situation explique pourquoi plusieurs des personnes questionnées par Yang « shared a sense of being lost in the market, then finding salvation in Christianity ». Pour d’autres, ce fut plutôt la dureté de la répression politique qui les poussa vers leur nouvelle quête spirituelle. Pour plusieurs, ce sont d’ailleurs principalement les évènements de 1989 qui furent leur point tournant spirituel. Dans tous les cas, les témoignages de nouveaux convertis relatés dans l’article de Yang représentent très bien ces réalités.
L’auteur termine en faisant remarquer que le lien entre le christianisme et la chaine de restaurant McDonald’s se limite au fait que tous deux reflètent un désir généralisé de modernité et de connexion avec le reste du monde, et ce, au même titre que d’autres chaines de restaurants ou même que la langue anglaise. Seule le christianisme apporte une nouvelle quiétude psychologique aux nouveaux convertis. 



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