samedi 8 septembre 2012

Matteo Ricci et la science en Chine


« Matteo Ricci et la science en Chine » de Jean-Claude Martzloff
Par Marie-Ève McCabe

Martzloff Jean-Claude. « Matteo Ricci et la science en Chine », Études, 2010, vol.5, Tome 412, p. 639-649

Jean-Claude Martzloff est sinologue français et directeur de recherche au Centre de recherche sur la civilisation chinoise du CNRS. Ces sujets de recherches principaux sont l’histoire de l’astronomie et des mathématiques chinois.

Cet article est une présentation brève du personnage de Matteo Ricci et de sa contribution en ce qui concerne le partage des connaissances scientifiques entre la Chine et l’Occident. Il s’agit d’un résumé concis de la période et des premières relations entre les missionnaires et les Chinois, en se centrant sur l’œuvre de Ricci. . 



D’abord, on résume la connaissance de la Chine par les Occidentaux avant l’arrivée de Ricci. Peu d’occidentaux avaient pu voyager et établir des liens avec la Chine, seulement quelques chrétiens d’Orient au VIIe siècle et des franciscains au XIIIe siècle (ainsi que le marchand Marco Polo en 1298). Ainsi, l’empire chinois fut longtemps méconnu du Vieux Continent. Dans la deuxième moitié du XVIe siècle, les connaissances occidentales sur la Chine commencèrent à se diffuser avec l’ouvrage de Juan Gonzalez de Mendoza, mais l’empire Ming était fermé aux étrangers et l’ensemble des missions jésuites à partir de 1555 furent infructueuses. En effet, les dégâts causés par les Wokou, pirates japonais, sur les côtes chinoises terrorisaient les chinois des marins. Les Chinois se méfiaient donc des navigateurs européens et des jésuites. De plus en 1598, dans le contexte de la guerre entre la Chine, la Corée et le Japon, la mauvaise réputation des étrangers se cristallisa.
Ensuite, Martzloff traite l’installation et l’œuvre personnelle de Ricci en Chine. Ricci débarqua à Macao en août 1582 et selon l’auteur, il a su installer la mission jésuite de façon durable en établissant des relations égalitaires avec des personnalités chinoises influentes avec l’aide du syncrétisme et la maitrise de la langue et de la culture chinoise. De cette façon, les liens pouvaient se tisser et les lettrés pouvaient avoir de l’estime pour les missionnaires. Ricci, après avoir appris la langue chinoise, s’intéressa beaucoup à la civilisation chinoise, par exemple il fit une traduction latine des Quatre livres, des textes de bases du confucianisme et d’un dictionnaire portugais-chinois et étudia le système phonétique du chinois. Ricci a donc réussit à s’assimiler et devenir lettré pour s’élever socialement. À ce moment, il n’était plus être considéré comme un bonze, un religieux bouddhique, aux yeux de la population. Il noua des liens avec les lettrés en partageant des connaissances techniques et scientifiques. Ricci se mit aussi à écrire et traduire des textes moraux, techniques ou scientifiques. Ces échanges permirent de faire avancer les deux sciences, par exemple la réforme de l’astronomie chinoise. Il tenta bien évidemment de convaincre les Chinois de se convertir dans ses écrits en apportant des arguments fondés sur la déduction, l’histoire et la culture chinoise et en critiquant le bouddhisme.
Puis, l’auteur se penche sur l’héritage de Ricci. Les traductions chinoises de Ricci ne furent pas populaires jusqu’en 1630 et il ne convertit que peu de gens. Par contre, il eut un impact sur les mathématiques chinois. Jusqu’à la fin de la mission jésuite, une science livresque, le xixue, se développe et certains lettrés chinois contestèrent le fait que Ricci associait religion, sciences et technique et ils voulurent prouver que tous ses apports étaient déjà connus. D’autres voulurent faire le pour et le contre, entre les techniques et les éléments religieux, de l’apport missionnaire. Les textes de Ricci furent traduits et réédités plusieurs fois en Chine au cours du 17e et 18e siècle, toutefois ses textes scientifiques devenaient désuets ou l’on critiqua son rejet du bouddhisme. Ricci resta toutefois étudié et lu par des lettrés, jusqu’à devenir plus connu en Chine qu’en Europe de nos jours. Selon l’auteur, en Chine, il est le symbole historique de l’occident avec Marco Polo. En Europe, ses idées sur la Chine se sont répandues, mais il eut très peu d’allusions sur lui et il tomba un peu dans l’oubli. Quelques grands écrivains comme Voltaire, Diderot ou d’Alembert l’ont cités.

Le texte de Martzloff est intéressant pour avoir une idée globale de l’héritage des missionnaires et que celui-ci est demeuré plus vivant en Chine qu’en Occident. On peut également s’initier au sujet des misions religieuses et sur la vie d’un personnage historique important de cette époque. Toutefois, ce texte n’approfondit pas sur le sujet des missions jésuites en Chine et n’apporte pas de connaissances nouvelles.

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