« Falun Gong : Un militantisme déterritorialisé »
Texte de Marc-André Pilon
Benoît Vermander est un sinologue et politicologue français. Ce dernier est directeur de l’Institut Ricci de Taipei en plus d’être consultant pour le Conseil Pontifical pour le dialogue interreligieux. L’essentiel de son œuvre porte sur les religions chinoises ainsi que sur le rôle de la Chine dans la mondialisation.
Tout d’abord, Vermander débute en nous faisant un bref historique des évènements répressifs menés par le gouvernement chinois à l’encontre des membres du Falun Gong dans les années suivant la grande manifestation du 25 avril 1999. La période suivant le 22 juillet 1999, date à laquelle le mouvement fut officiellement déclaré illégal, fut marquée par une recrudescence du nombre de manifestation organisées par le Falun Gong combiné par le fait même à une forte escalade de la brutalité policière envers des manifestants généralement très pacifiques qui en résultat par l’arrestation, selon Amnistie Internationale, de milliers de membres qui aboutirent soit en prison (où plusieurs décédèrent), à l’hôpital psychiatrique ou encore dans des camps de rééducation. Toutefois, à partir de 2001, le mouvement de contestation en Chine se marginalisa et l’on assista à une forte baisse de la capacité de mobilisation du Falun Gong dans le pays, qui néanmoins, fut largement compensé par l’expansion du mouvement à l’échelle internationale.
L’auteur nous informe par la suite sur la façon dont le gouvernement définit le Falun Gong ainsi que sur la façon dont ce groupe se définirait lui-même. Tout d’abord, d’un point de vu gouvernemental, le Falun Gong répond sans surprise au qualificatif de culte pervers et d’organisation sectaire, ce dernier étant « une organisation illégale qui utilise de façon illicite le terme de religion pour égarer les esprits et porter atteinte à la société ». Qui plus est, le Parti Communiste accuse le Falun Gong qui, jouissant d’un certain nombre d’appuis provenant de l’extérieur du territoire chinois, de soutenir activement un complot visant à déstabiliser le pays. À l’opposé, le Falun Gong s’auto-définit plutôt comme étant « une organisation bénévolente à mission salvatrice qui dépasse et remplace les religions traditionnelles pour rectifier les comportements et les mentalités ainsi que pour apporter des bénéfices de toute sorte à la société humaine ». De plus, le contexte de répression accentue largement les effets bénéfiques rédempteurs des pratiques du Falun Gong qui se doivent d’être exercées en public, ce qui explique donc largement l’escalade du conflit dans un contexte où les deux camps s’affrontent pour « s’assurer la légitimité morale ».
Puis, l’auteur aborde ensuite la question de la composition et l’organisation de cet irréductible mouvement qui se veut le plus coriace adversaire que le Parti Communiste ait eu au cours de son histoire. Il en ressort que, malgré l’absence de données fiables, la composition du Falun Gong serait relativement plurielle et à l’image de la population en général. Le Falun Gong aurait également une structure rappelant celle du PCC avant son accession au pouvoir et dont l’incroyable efficacité organisationnelle pourrait-être liée au fait qu’une bonne part des responsables seraient notamment issus de l’armée de l’air. De plus, l’efficacité du groupe à utiliser les divers modes de communication lui confèrerait une véritable structure que Vermander qualifie de « guérilla urbaine ».
Il est ensuite question du départ du fondateur du groupe, Li Hongzhi, vers les États-Unis, qui se voulait être selon certain une stratégie de ce dernier visant entre autre à faire un triage au sein du mouvement afin de laisser de côté les mauvais disciples ainsi qu’à faire un pas vers l’internationalisation du mouvement. De plus, l’expansion outre-mer du Falun Gong pourrait à long terme contribuer à une certaine « mutation culturelle » du groupe entre autre à cause de l’influence étrangère ainsi que de l’intégration graduelle d’étrangers et de chinois d’outre-mer dans ce mouvement qui est tout de même issu d’une culture autoritaire.
En conclusion, l’auteur énumère une série de thèses portant sur les diverses causes sociales ayant pu permettre l’émergence de groupes comme le Falun Gong ainsi que l’apparition d’un conflit, citant entre autre la réémergence de pratiques traditionnelles, la soif de religiosité, la faiblesse de la société civile, l’éternelle quête de la supériorité morale autant par l’état que par des groupes de la société civile…
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