dimanche 16 septembre 2012

Falun Gong : la tentation du politique


Texte de Pascale Couturier

David A. Palmer, «Falun Gong : la tentation du politique»,  in Contre Jour, p. 36-43

David A. Palmer est un historien ayant fait un doctorat à l’EPHE, Sorbonne. Il se spécialise en l’étude de l’anthropologie socioculturelle, de la société civile, de la religion, ainsi qu’en l’étude de l’état, la société et la culture traditionnelle de la Chine contemporaine.

Dans son article « Falun Gong : la tentation du politique », Palmer tente d’expliquer en quoi le mouvement du Falun Gong ne s’inscrit pas dans le schéma européen de « sectes contre la démocratie » mais plutôt dans celui de « secte contre la dictature ». Certes, depuis la manifestation du 25 avril 1999, le Falun Gong a attiré l’attention du gouvernement chinois et est entré dans une lutte contre l’interdiction de ses pratiques.
En premier lieu, l’auteur explique comment le Falun Gong entre dans la tradition sectaire chinoise qui date depuis l’ère dynastique. Celui-ci donne l’exemple des sectes taoïstes et bouddhistes Cinq Boisseaux de Riz, Turbans Jaunes et du Lotus Blanc, ainsi que la rébellion Taiping, ayant elles aussi revendiqué auprès du gouvernement. L’arrivée au pouvoir du PCC amena une campagne de répression des sectes chinoises en 1949, sans pour autant éradiquer celles-ci. Le monde sectaire chinois se reconstitua à l’aide de techniques traditionnelles de gymnastique et de méditation, tel le qigong. Ces pratiques ont beaucoup gagné en popularité et ont reçu l’appui de certains membres du Parti. Le qigong s’est répandu dans les institutions médicales à cause du contexte idéologique des années 1950 qui favorisait les mouvements populaires et nationaux.  Lors des années 1960, Palmer explique qu’une nouvelle campagne de répression eu lieu tentant d’éradiquer les « superstitions féodales ». Les institutions officielles du qigong furent donc fermées dans le contexte de la Révolution Culturelle. Néanmoins, la pratique continua et se réforma grâce à de nouvelles approches comme celle de Guo Lin dans les parcs et celle de Yan Xin. Ceci mena au boom du qigong des années 1980, lors desquelles plusieurs médias, associations, organismes de recherches et autres se sont formé afin de légitimer le qigong et de prouver ses racines scientifiques. Ils voulaient révolutionner le monde de la science et les lois de la physique à l’aide de ces pratiques.

En 1992 se forma le Falun Gong sous Li Hongzhi. Celui-ci eut l’ingéniosité de former une branche du qigong plus durable par ses caractéristiques moralistes, messianiques et apocalyptiques. Dès lors, le mouvement attira l’attention des presses et des petits médias et fut très critiqué. Les membres du mouvement ont donc organisé des manifestations afin de demander des excuses et après l’arrestation de certains d’entre eux à la manifestation de Tianjin, ils organisèrent la protestation d’avril 1999 qui mena à l’interdiction complète du Falun Gong. 
Palmer note que le qigong a, au fil du temps, donné apparition à une réelle société de réseaux sectaires. Penser que le Falun Gong s’est retrouvé neutralisé après 1999 c’est, selon l’auteur, refuser de voir que l’affaire du mouvement n’est que révélateur de problèmes plus profonds. Sa persistance contredit l’idée marxiste qui voulait que la religion s’efface grâce au développement économique de la Chine. De plus, Palmer note qu’après la Révolution Culturelle, la société chinoise est entrée dans une « crise de foi » et le qigong a ouvert un espace de liberté et un lieu de communauté. Or, la question du Falun Gong démontre la pauvreté du tissu social chinois. 

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