dimanche 16 septembre 2012

Origins of the Taiping Vision


Philip A. Kuhn, Origins of the Taiping Vision : Cross-Cultural Dimensions of the Chinese Rebellion

Un texte de Vanie-Ève Aubertin

Philip A. Kuhn est historien spécialisé dans la dynastie des Qing. Il a enseigné à Chicago puis à Harvard. Il est un des pionniers de l’histoire sociale chinoise. 

Dans son article, Kuhn étudie le contexte et le pamphlet à l’origine de l’idéologie de la rébellion des Taiping. Ainsi, l’auteur commence par analyser le champ sémantique du pamphlet qui fut remis à Hung, l’homme à l’origine de la rébellion. Ensuite, il étudie la réaction de Hung dans les premières années après s’être imprégné de l’idée du pamphlet. Finalement, Kuhn explique le contexte social dans lequel les Hakkas reçurent le matériel religieux à Kwangsi. 

Mais avant tout, l’auteur présente les deux personnages principaux à l’étude, c’est-à-dire, Hung, l’homme à la tête du mouvement de rébellion et Liang, l’auteur du pamphlet qui inspirera la vision de Hung qui fait de lui le deuxième fils de Dieu et le frère de Jésus. Le premier est décrit comme un homme peu éduqué qui fut converti en 1815 pour devenir lui-même un missionnaire dans les années qui suivirent. Il publia le pamphlet qui tomba 4 ans plus tard dans les mains de Hung intitulé Good Words to Admonish the Age  fut publié en 1832. Hung, lui, est dépeint par l’auteur comme un homme, de bonne famille et de bonne éducation, frustré par ses déboires lors des examens pour acquérir son degré au baccalauréat qui lui aurait parmi de monter dans la hiérarchie confucéenne. Après plusieurs échecs, il tomba malade et aurait eu une vision durant laquelle on lui confiait qu’il était le deuxième fils de Dieu. 



D’abord, l’auteur analyse le contenu du pamphlet produit par Liang. Les thèmes présents dans le pamphlet vont comme suit : l’omnipotence de Dieu, la qualité éternelle de l’âme et la distinction entre son salut et la damnation, Jésus comme saveur des hommes et la dégénération de la moralité en Chine. Dans son pamphlet Liang prend compte du contexte religieux et politique, ce qui a pour effet d’engager le lecteur puisqu’il reconnaît parmi les comportements et phénomènes condamnés, des éléments de son quotidien. Le message peut être reconnu comme politique surtout à partir du moment où Liang parle du salut comme d’un projet individuel, mais plutôt d’un but à atteindre en tant que société. Dans la même idée, il y a confusion quand Liang parle du Heavenly Kingdom  à savoir s’il parle d’un endroit divin ou sur terre. Enfin, on adresse dans le pamphlet la question de la sanctification du pouvoir par Dieu, seulement, Liang entendrait par cela plutôt un envoyé de Dieu qui tiendrait une position d’autorité plutôt qu’une institution existante sanctifiée par Dieu. 

Ensuite, Kuhn décrit la vision théologique de Hung dans les premières années après avoir eu la révélation de Dieu et décidé de se convertir au christianisme. Au départ, les écrits de Hung indiquent que celui-ci, bien qu’il ait embrassé sa nature divine, ne ressent pas l’appel au niveau institutionnel ou politique, mais seulement au travail de missionnaire. Son but est alors de réconcilier le christianisme avec la tradition confucéenne afin de mieux l’introduire aux Chinois. Les stratégies pour inciter à la conversion diffèrent très certainement entre Liang et Hung à cause de leurs précédents académiques. Hung ayant été éduqué dans le système confucéen, Hung ne peut complètement tourner le dos à ses enseignements. Justement, il existe, dans le discours de Hung, une ambivalence par rapport au Confucianisme. Il condamne Confucius pour sa vision de la déité, mais partage ses idées sur la moralité. Enfin, quand Hung parle du salut de l’âme, celui-ci est vraiment fait par des actions individuelles plutôt que politiques. En effet, celui qui veut être sauvé doit accepter Dieu et la chrétienté et doit rejeter ses croyances traditionnelles. Enfin, l’auteur affirme que Hung ne cache aucune intention politique au début de ses années en tant que missionnaire contrairement à ce que certains pourraient croire. 

Finalement, Kuhn fait l’étude du contexte politique et social dans lequel le pamphlet de Liang fut présenté aux Hakkas de la région de Kwangsi. Les hakkas sont un peuple qui a migré depuis le nord de la Chine et qui se distingue culturellement par leur dialecte et leur tradition. Bien que dans la communauté de naissance de Hung, les Hakkas s’étaient intégrés aux autres Chinois, dans la région de Kwangsi, les hostilités faisaient rage entre les Hakkas et les Hans (groupe ethnique majoritaire en Chine). De plus, Kuhn fait remarquer que les Hans, ayant le contrôle sur la presse dû à leur langage plus largement utilisé, étiquetèrent les Hakkas comme étant des rebelles ou des bandits. De ce fait, pour les Hakkas en plein conflit, les mots de Liang représentent une description de la vie de ces derniers où il existe une polarité entre les bons qui seront sauvés et les mauvais qui seront damnés. La vision de Liang offre également une alternative à l’étiquette de rebelles donnés aux Hakkas par les Hans de la région au moment du conflit. Ainsi, si le pamphlet vient chercher Hung sur un plan plus personnel et spirituel, les Hakkas de Kwangsi qui sont en plein conflit voit le même pamphlet comme un appel au «peuple choisi» de se battre contre le mal qui foisonne en Chine et dans se cas ci, il s’agit des Hans de la région. 

L’auteur conclut que le pamphlet est propre à être interprété de plusieurs façons différentes ce qui a permis plus tard au mouvement de s’élargir et englober, finalement, Hakkas et Hans dans un combat contre la dynastie démoniaque des Manchus. 

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