mardi 5 mars 2013

A First Attempt to Use ‘’Zhineng’’ Qigong to Reform Criminals


Billet rédigé par Gabrielle Maisonneuve

"A First Attempt to Use ‘’Zhineng’’ Qigong to Reform Criminals," Chinese Sociology and Anthropology,  pp. 79-94

En janvier 1989 le Shanghai Municipal Criminal Correction Research Institute, grâce à l’aide et au soutien du Shanghai Municipal Experimental Labor Reform Brigade et de plusieurs maîtres de Qigong, a décidé de tester les effets de séances intensives de Qigong sur la santé mentale et physique de prisonniers dans un pénitencier chinois. Le but de cette expérience était de voir si ces sessions d’exercices et d’enseignements auraient des effets positifs sur les corps et esprits de ces criminels et tenter, par la voie du Qigong, d’améliorer leur santé physique et cultiver leur sens de la moralité. L’auteur de ce texte n’est pas nommé, mais il est clair par son champ lexical qu’il s’agit d’un des superviseurs de cet essai expérimental et qu’il a lui-même observé le cheminement et les progrès des criminels.

Cette expérience fut conduite deux fois, la première avec 57 criminels qui s’étira sur 15 jours et, très satisfait des résultats, le SMCCRI donna le feu vert pour un second essai l’année suivante comptant une centaine de sujets sur une période de dix jours qui fut, si l’on en croit leurs statistiques, encore plus couronné de succès que l’année d’avant. Les prisonniers sélectionnés furent tous des volontaires et les recherchistes s’assurèrent qu’ils n’étaient atteints d’aucun handicap mental ou physique intraitable par des séances de Qigong. Une routine typique de Qigong consiste en une session d’exercices durant entre une et deux heures chaque jour, mais pour cette expérience, les sujets durent suivre des séances intensives de dix heures par jour et furent fortement encouragés à pratiquer et méditer dans leurs temps libres. Ces séances ne consistaient pas seulement d’exercices physiques et de méditation, les criminels furent également introduits aux enseignements et théories du Zhineng Qigong, une forme de Qigong très passif, facile à saisir et pratiquer et axé sur l’altruisme et une moralité exemplaire. Cet exercice avait pour but de cultiver le tempérament des criminels pour faire d’eux de meilleures personnes.
L’auteur fait finalement part aux lecteurs des résultats que lui et ses collègues ont pu observer chez les participants de l’expérience. Avant même de commencer les séances de Qigong, les criminels volontaires furent d’abord observés une année complète avant l’expérience et encore une autre après leurs sessions de Qigong pour ainsi noter tout changement de comportement et tout changement au niveau physique. Si on en croit les statistiques de l’auteur, l’expérience semble avoir été extrêmement bénéfique pour la grande majorité des participants. Mais les lecteurs resteront tout de même perplexe devant certains cas disons miraculeux. L’auteur énonce plusieurs cas où des criminels ont vu leurs maux physiques être guéris ou du moins grandement améliorés grâce à la pratique du Qigong. Ces énoncés de «guérisons miraculeuse» minent malheureusement la crédibilité de l’auteur aux yeux des sceptiques. Cependant, celui-ci admet que, même si cette expérience a été bénéfique pour pratiquement tous les criminels, tous les maux ne peuvent être guéris par des séances de Qigong. Il soutient que les signes d’amélioration sont beaucoup plus facilement observables au niveau physique que psychologique et que, même si la plupart des participants ont montré des signes de progrès dans leur moralité et tempérament, il ne peut pas garantir l’efficacité des effets du Qigong sur la mentalité humaine.
Ce texte est très pertinent dans le cadre de notre cours sur les religions de la Chine car il met la pratique du Qigong dans un contexte précis et contemporain avec un rôle concret qu’il tente de remplir pour la société chinoise. Il a été utilisé dans l’expérience discutée plus haut comme mode de thérapie comportementale et pas seulement comme le hobby d’un groupe de personnes du troisième âge. Il est fascinant de voir comment la Chine tente d’intégrer cette forme de pratique millénaire dans un contexte tout à fait moderne sans toutefois vouloir remplacer l’un par l’autre. L’auteur n’essaie pas de prouver que la pratique du Qigong pourra remplacer les méthodes de redressement des criminels mais qu’il peut être intégré dans ce contexte pour améliorer la vie des prisonniers. Et il ne s’agit que d’un exemple des nombreuses pratiques modernes auxquelles le Qigong s’est intégré comme la médecine et la calligraphie. Le Qigong représente encore aujourd’hui une partie intégrante du quotidien chinois, plus encore que de nombreuses personnes pourraient le croire.

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