Blogue du cours HST2621, "Les religions de la Chine moderne," donné la session de l'hiver, 2012, à l'Université de Montréal.
vendredi 8 mars 2013
A Qi-empowered Address Given by Yan Xin
Xin, Yan, Septembre 1994, « A Qi-empowered Address Given by Yan Xin », Discours.
Par Raphaël Lachkar
L’ouvrage étudié concerne la transcription d’un discours donné en Septembre 1994 par le grand maître du Qigong Yan Xin. L’orateur est, selon son site internet, une sommité dans la pratique du Qigong. Il est né en 1950 dans le Sichuan et donne des audiences dans des universités de renom tels que Tsinghua à Pékin ou Harvard. Son site internet affiche des photos de lui en compagnie d’hommes tels que Georges W. Bush, Bill Clinton ou même Jean Chretien. Il tient sa pratique du Qigong par l’enseignement de maîtres (non cités dans le site) et est diplômé de la faculté de médecine chinoise traditionnelle de l’Université de Chengdu. Considéré par les adeptes comme un docteur miracle, il aurait soigné de milliers de cas comprenant des maladies neuro-cardiovasculaire, des cancers, le Sida etc ...
Nous essayerons ici de résumer le texte en dégageant les vecteurs phares de la doctrine de Yanxin.
Plusieurs références culturelles fortes sont évoquées à travers le texte. L’orateur débute en distinguant les trois sortes de moralités indispensables à la réussite thérapeutique ou quotidienne du Qigong. Les moralités : mentales (pensées ou manières de penser), personnelles (la personnalité) ou comportementales (les actes et la manière dont ils sont accomplis) sont chacune divisés en 10 sous-vertus (les manières, l’éthique, la conduite, la bienveillance, la justice, la droiture, la charité, l’altruisme, la sincérité, la persévérance et la manifestation de l’aura de la vertu) scrupuleusement développés par la suite. Ainsi, Yan Xin pose un guide moral, dont la compréhension et l’exécution sont primordiales à la pratique du Qigong. « L’homme moral détiendra la clef des clefs de la porte du Qigong. ». Selon l’orateur, ceux qui n’appliqueront pas ce guide verront leur degré d’abilité (gongfu) décliner. Il n’a ici rien à envier à Confucius qui par le respect et la rigueur d’exécution de quelques principes moraux distinguait certains hommes qu’il appelait : « supérieurs ». Le confucianisme n’est pas le seul trais évoqué par Yan Xin. Alors qu’il mesure les degrés de moralité des gens, il fixe à 10 000$ la somme à partir de laquelle les gens cèdent et acceptent d’être soudoyés. Surgit la gangrène de la corruption, première cible du mandat de Jiang Zemin alors au pouvoir.
Yanxin appose ensuite l’inviolabilité de sa doctrine par des effets rhétoriques et des chiffres précis. En effet, un malade ne guerrissant pas constitue une preuve de l’inéfficacité de ses méthodes. Ou pas, selon lui : « Quand un grand maître use de son gong pour vous soigner, vous pouvez croire que vous ne l’êtes que partiellement, votre déni bloquera une partie du Qigong et vous ne guérirez pas ». En d’autres mots, ne vous écoutez pas vous, écoutez moi et si ça ne marche pas, ça doit être de votre faute. Notons également l’importance du vocabulaire utilisé, « repentir », « hystérique » (quand les pratiquants pleurent leurs erreurs) et vingt six fois le mot : moralité. Martelant l’audience de l’importance inconditionnelle de cette vertu il explique comment la développer. En usant d’un entrainement rigoureux. Comment s’entrainer ? En s’ouvrant préalablement. Comment s’ouvrir ? User de moralité. Yanxin tourne en rond et use pourtant d’exemple et de chiffres précis : S’ouvrir c’est libérer entre quatre vingt et quatre vingt dix pourcents des cellules du cerveaux, pour cela il faut s’ouvrir et donc user de moralité.
L’auteur dédie un paragraphe à un concept qu’il nomme : « shining with righteousness ». Qui, bien qu’expliqué, reste relativement nébuleux dans la comprehension du lecteur. « Qigong practitioners must shine with the glow of righteousness, that is, they must exhibit in their personality and behavior a shining aura of righteousness. One must be open and correct in one’s behavior and shine with righteousness, one must do nothing improper. ».
Enfin, Yanxin conclu en évoquant trois derniers principes : l’Histoire (l’enseignement des grands maîtres, le matérialisme (aller au fond de chaque chose) et le principe dialectique (chacun pratique le Qigong comme il l’entends).
En résumé, outre l’énonciation des trois formes de moralité et des 10 sous-vertus en introduction, le discours de Yanxin n’explique en rien le fonctionnement de son Qigong si ce n’est en mesurant le pourcentage de cellule du cerveau à utiliser ou en s’appuyant sur les cibles politiques alors en vogue ou sur un discours religieux millénaire. Il se dédouane en même temps d’éventuelles tares à sa méthode : si ça ne marche pas c’est que vous n’essayez pas assez fort.
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