Blogue du cours HST2621, "Les religions de la Chine moderne," donné la session de l'hiver, 2012, à l'Université de Montréal.
samedi 9 mars 2013
Global Breathing: Religious Utopias in India and China
Peter van der Veer, “Global Breathing: Religious Utopias in India and China”, in Anthropological Theory, SAGE Publications, 2007, pp.315-329
Billet rédigé par Caroline Flocari
Le texte de Peter van der Veer traite d’un sujet d’actualité: la place du yoga et du qigong dans les sociétés indiennes et chinoises modernes et dans le contexte de la mondialisation. Peter van der Veer est anthropologue, il travaille présentement à l’université d’Utrecht, aux Pays-Bas (et ce depuis 1994). Son travail consiste surtout en l’étude des religions et nationalismes en Europe et en Asie; il est d’ailleurs reconnu comme une sommité sur ces sujets, ayant reçu le prix Hendrik Muller pour ses recherches sur la religion. Il a publié ou coécrit une dizaine de livres et de multiples articles.
L’article étudié aujourd’hui, Global Breathing : Religious Utopias in India and China, s’inscrit dans une recherche plus large de Peter van der Veer, recherche qui aboutira par ailleurs à la publication d’une monographie en 2013. Dans ce texte, l’auteur cherche à démontrer - via les exemples du yoga en Inde et du qigong en Chine- que ce qui est laïque ou profane est en fait spirituel, et ce qui est spirituel est politique. Pour justifier cet argument, il s’inspire premièrement d’évènements survenus lors du colonialisme. Par exemple, il affirme que le yoga et le qigong s’inscrivent dans la quête de la modernité dans le contexte politique et historique de l’Inde et de la Chine. Les traditions connues du yoga et du qigong, notamment l’aspect de la renonciation et « d’exercices spirituels » ont été transformés lors du contact avec l’Occident, créant de nouvelles interactions entre la richesse spirituelle de l’Est et la richesse matérielle de l’Ouest dénuée de pensée philosophique profonde.
Plusieurs exemples sont utilisés pour illustrer l’impact du religieux sur le politique au 19e siècle, particulièrement le Lotus Blanc et la rébellion des Boxers pour la Chine, et l’exemple de Vivekananda pour l’Inde. On doit aussi souligner l’importance de ces mouvements sur le nationalisme, chacun de ceux-ci influençant des populations majoritaires (malgré la présence du christianisme). Ces populations se définiront donc en fonction de ces mouvements et auront une perception différente de leur culture, leur spiritualité et leur identité nationale.
Après avoir discuté des changements sous l’impérialisme du 18e au 19e siècle, l’auteur aborde la question de la religion au 20e siècle et, par la suite dans un cadre plus contemporain où les deux pays se sont ouverts à la mondialisation et ont connu une libéralisation de leur économie. Dans cette partie, la recherche se concentre sur l’aspect (voire l’obsession) scientifique. L’exemple donné pour la Chine est l’utilisation du qigong dans les années 1950 comme outil de contrôle par l’État; et l’auteur nous met en opposition le mouvement Falun gong, lequel fut plus difficile à contrôler pour l’État. Dans ces deux exemples chinois, on met l’accent sur la validité ou la non-validité scientifique de ces groupes / croyances, deux exemples qui servent à démontrer que pendant la période républicaine, communiste et même après; la modernité n’est que possible via la reconnaissance scientifique.
L’auteur, tout le long du texte, souligne les similitudes et les discrépances entre les mouvements chinois et indiens. Ces comparaisons à chaque tournant historique sont utiles pour mieux comprendre les divers mouvements religieux étudiés. Au final, une grande différence émerge entre l’Inde et la Chine : en Inde, les divers mouvements religieux associés au yoga ont fait (et font toujours) partie du nationalisme et sont validés politiquement dans la démocratie. En Chine, on a obtenu le contraire; les mouvements religieux comme le qigong ont été marginalisés pendant plusieurs décennies, les laissant en marge du pouvoir politique (à moins d’être utilisés par l’État).
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