lundi 4 mars 2013

La posture de l'arbre


Par Raphaël Lachkar
Chenault Marceau , « La posture de l'arbre : zhanzhuang », 
Staps, 2010/3 n° 89, p. 29-41. DOI : 10.3917/sta.089.0029

L’auteur : 
Né en 1978 en France, Chenault est aujourd’hui professeur à la East China Normal University au département d’éducation physique et de la santé. Il est docteur en Sciences de l’éducation et de la motricité de l’université d’Orléans et s’intéresse essentiellement aux thérapies alternatives, danseur, professeur de Judo Jiujitsu et 2ème duan de Qigong, il a publié plusieurs ouvrages sur les spécificités des sciences martiales chinoises.

Résumé : 

Dans son étude, Chenault s’intéresse aux effets et enjeux de la posture de l’arbre (Zhangzhuang) utilisée notamment dans l’exercice du Qigong. S’ajoutant à une introduction et à une conclusion, son article est structuré en trois parties, dans l’ordre : il décrit la pratique à l’aide de certains textes (1), puis, concentrant ses recherches sur l’expérience d’une école alsacienne spécialiste, dégage la gestuelle particulière de la position (2), pour enfin recueillir le témoignage d’adeptes (3).



Selon lui, le Qigong pourrait trouver racine dans des textes décrivant les premiers exercices physiques qui datent de -2600 AV. JC. Il se serait formé autour de l’enseignement du général Yue usant de l’ancestral Wushu pour préparer ses soldats sous les Song. Le Qigong, finalement officialisé par les cadres du parti en 1945 ne touchera la France qu’en 1980. Chenault insiste sur les nombreuses dimensions concernées par la pratique du Qigong : de la médecine à la religion et passant par la culture populaire et aujourd’hui la recherche scientifique le Qigong est partie inhérente de la culture chinoise.

1. Finalité du Zhangzhuang selon les ouvrages de vulgarisation
Ici, l’auteur cite plusieurs ouvrages de Qigong dans lesquels la posture du Zhangzhuang est citée. Selon ces sources, la posture permettrait de rassembler et concentrer son énergie corporelle ou « Qi » afin de la contrôler. La posture de l’arbre aurait des effets à la fois physiques (canalisation de la force), émotionnels (paix intérieure) et spirituels (référence taoïste de l’harmonie des éléments et du dépassement des barrières corporelles).

2. Posture observée dans un centre pratique
Chenault s’attache alors à décrire la posture et sa pratique. Les jambes sont légèrement fléchies, les bras en cercle devant soi et le cou tendu, on pourrait se dire planté dans le sol ou, de ses bras et de ses genoux, embrassant un arbre.  Le but est de garder l’esprit calme et concentré tout en maintenant cette position. Certains, alors, disent entrer en transe.

3. Discours des pratiquants sur leur expérience du Zhangzhuang.
L’expérience tirée de la pratique dépend des motivations amenant l’individu à ladite pratique, ainsi, Chenault divise les pratiquants interrogés en autant de finalités et motivations différentes qu’il pourra dégager (ici au nombre de quatre : martiales, thérapeutiques, spirituelles ou de bien-être).
Certains pratiquent le Zhangzhuang dans une volonté de perfectionnement martial. Je cite : « l’homogénéité de la force est considérée comme l’aboutissement de la transformation physiologique et du changement musculaire généré par la pratique de base, Zhangzhuang ». Un adepte évoque la force contenue dans les cellules et la faculté du Zhangzhuang de la rassembler et de la canaliser. Il donne l’exemple de l’éternuement et de la force inconsciemment dégagée. 
D’autres voient en la pratique de la position du Zhangzhuang des vertus thérapeutiques. En faisant circuler l’énergie dans le corps, on est plus à même de déceler des nœuds, sources de maux. La posture aurait également une dimension spirituelle. Un adepte décrit son expérience et raconte comment, déconnecté du temps, il parvint à se promener à l’intérieur de son corps avant de recevoir le souffle énergétique de son maître et de faire un bond de 4 mètres. Enfin, une volonté de bien être peut pousser à la pratique du Zhangzhuang, un pratiquant raconte combien la maîtrise de la position lui a permis d’économiser ses forces, à Paris, car debout pendant trop longtemps.

En conclusion, l’auteur note les différences d’interprétation et d’intégration de la pratique en fonction des pays pratiquants. Les Chinois ne recherchent et ne découvrent certainement pas la même expérience que les Auvergnats. Chenault cite enfin quelques auteurs amenant le lecteur à différentes interprétations. Lioger par exemple verrait l’émergence de telles pratiques en France comme associée à une forme de religiosité contemporaine post-industrielle. Billetter s’intéressant, lui, à l’essor du Qigong dans le contexte chinois comprend ici une tradition inventée en 1949 en guise de modernité alternative alors que la Chine amorçait un développement nouveau. 


 


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