Texte par Catherine Gauthier
Penny, Benjamin. “Spirit and Flesh: Sturm and Drang”. Chinese Sociology and Anthropology. Volume 27. No1 (Automne 1994), 35-47.
Benjamin Penny est spécialiste des mouvements religieux et spirituels en Chine. Chercheur et professeur associé à l’école de Culture, Histoire et Langue du Collège de l’Asie et du Pacifique à l’Australian National University, il s’intéresse à l’interprétation des religions chinoises par les occidentaux et par l’intérêt populaire pour le Falun Gong et le Qigong en Chine. De plus, il a publié de nombreux articles sur ses divers champs d’intérêts, notamment plusieurs articles dans L’Encyclopédie du Taoïsme en 2008.
Dans l’article « Spirit and Flesh : Sturm and Dang », tiré du journal Chinese Sociology and Anthropology, Penny cite diverses expériences et histoires liées au Qigong et Gongfu, et présente les débuts de l’engouement pour « le Qigong et le paranormal », ainsi que quelques personnages importants dans l’histoire de ces ‘disciplines paranormales’. L’histoire commencerait donc en mars 1979, quand un jeune garçon devine ce qui se cache dans la poche d’un de ses camarades alors que son oreille frôle la dite poche. L’évènement, rapporté dans le Sichuan Daily, crée une vague dans le monde du paranormal, et à peine quelques années plus tard, en 1986, on compte plus de 10 millions d’adeptes du Qigong, qui est pratiqué autant par des ouvriers que des intellectuels. L’idée de « lire avec l’oreille » fait boule de neige, et rapidement, les différents journaux rapportent ici et là des cas de gens qui disent pouvoir lire avec leurs aisselles, ou encore avec la plante de leur pieds, et certains poussent même jusqu’à affirmer pouvoir ‘voir’ avec leurs organes (36).
On voit paraitre certaines critiques de cette mode et attrait pour ce type de talents incroyables et tirés par les cheveux. Bien que les spécialistes médicaux soutiennent qu’une oreille ne peut qu’entendre et non voir, l’engouement pour le Qigong et les aptitudes surnaturelles persiste et évolue. De nouvelles capacités font la une des médias : il est alors possible de « couper des fleurs avec seul le pouvoir de la pensée » (36), faire prendre en feu une balle de foin et faire disparaitre et apparaitre des billets de banques… Témoins de phénomènes miraculeux, certains politiciens influents sont vite convaincus, et on cherche à trouver des termes scientifiques pour expliquer/nommer ces divers pouvoirs. Par exemple, les ‘eaux talismaniques’ utilisées pour guérir les personnes malades sont rebaptisées comme étant des ‘fluides de communication atomiquement altérés’ ou encore ‘fluides de communication cosmique’ (37).
1986 marque l’arrivée des maitres de Gongfu Qigong, descendus des montagnes, qui enseignent un Qigong plus conservateur et de plusieurs types. Certains maitres peuvent en effet projeter un halo de Qi visible, alors que d’autres affirment pouvoir voler, ou encore communiquer avec d’autres formes de vie ailleurs dans l’univers (39).
Vient ensuite le ‘Dr. Yan Xin’, un homme que Penny surnomme le Superman chinois. Une inspiration pour les masses, il arrive à une époque de grand dérangement en Chine et apporte avec lui l’espoir, alors que les Chinois s’étaient ‘perdus’. C’est lorsque que le peuple doit vivre avec les difficultés liées à l’économie de marché, à l’attrait du profit et à l’instabilité que le Superman arrive.
Avec lui, les Chinois reprennent confiance grâce au Qigong, et le Superman « sauve le peuple d’une mer de souffrance du monde moderne » en calmant leurs esprits avec le Qi (46). De plus, il enseigne que le Qigong doit avoir pour fondation une base morale, au risque de s’attirer une contre attaque du Qi. Le Superman a amené le peuple à retrouver une moralité ‘normale’ pour la société.
Cet article montre, avec l’aide de quelques exemples quasi anecdotiques, l’évolution et l’étendue du pouvoir motivant et rassembleur du Qigong. Il nous aide à en apprendre plus sur les applications du Qigong et son histoire.
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