samedi 9 février 2013

Belief in Control: Regulation of Religion in China

Billet rédigé par Gabrielle Maisonneuve

POTTER, Pitman B., Belief in Control: Regulation of Religion in China, The China Quarterly, No. 174, Religion in China Today, Juin 2003, pp. 317-337

    Pitman Potter est professeur de lois et directeur d’études légales chinoises et de l’institut de recherches asiatiques à l’Université de la Colombie-Britannique. Il se spécialise dans l’étude des droits humains, la globalisation, les échanges internationaux et les politiques asiatiques et particulièrement celles de la Chine. Il a publié de nombreux articles pour des quotidiens comme le China Quarterly, le Hong Kong Law Journal et le Pacific Affairs en plus d’être l’auteur de plusieurs livres tel que : A Guide to Business Law in Asia.

    Cet article tente d’expliquer comment les efforts fournis par le gouvernement chinois pour contrôler les religions locales suscitent des répercussions nuisibles à sa légitimité. Pour ce faire, l’auteur analyse les cas de conformité et de résistance de la part du peuple chinois face à la stricte régularisation que le Parti impose aux pratiques et croyances religieuses.La dimension politique de la question religieuse en Chine est beaucoup plus marquée que dans les pays démocratiques comme les États-Unis et le Canada car le PCC tente par ces mesures intrusivesd’obtenir l’hégémonie sur les institutions et les rites religieux pour contrôler jusqu’à la vie privée de ses citoyens.


    Sous la dictature de Mao, la liberté de culte n’était plus qu’une utopie. La pratique religieuse était pratiquement interdite pour que les citoyens chinois soient entièrement dévoués au chef du Parti. La période post-maoïste fut un peu plus altruiste et accorda une certaine autonomie socio-économique et religieuse au peuple chinois afin de s’attirer leurs bonnes grâces et leur loyauté envers le Parti. Ainsi commença le dilemme qui pèse encore aujourd’hui sur les épaules du PCC : maintenirun contrôle sévère sur les différentes sphères d’activités du pays tout en entretenant une image de tolérance, conserver un équilibre entre l’autonomie et la loyauté des citoyens chinois. Une série de mesures pour arriver à ce compromis furent initiées par le gouvernement chinois tel que la rédaction du Document 19, parut en 1982, qui reconnaissait et respectait la liberté de culte tout en encourageant fortement le peuple chinois à demeurer athées. Ce document ne reconnaissait que 5 religions comme étant «authentiques» : le bouddhisme, le taoïsme, l’islam, le catholicisme et le protestantisme, toutes les autres étant des religions populaires ou des superstitions qu’il fallait supprimer. Selon le PCC, la religion devrait être régularisée par la loi et soumise au contrôle gouvernemental pour qu’elle s’accorde au régime socialiste chinois. 

    Le PCC exerce également un contrôle sévère des pratiques religieuses dans ses régions annexées comme le Tibet bouddhiste et le Xinjiang islamiste pour réprimer les mouvements nationalistes et séparatistes comme la révolte antichinoise tibétaine de 1988-89. Le gouvernement chinois tolère les activités religieuses tant qu’elles ne sont pas utilisées pour justifier une attitude anticonformiste comme dans le cas du falun gong. Le Parti ne peut pas se prétendre incontesté si les citoyens ont des arguments pour remettre en question son hégémonie. D’un autre côté, il ne peut pas non plus se montrer trop autoritaire envers les communautés religieuses s’il veut conserver son image de relative tolérance pour garder le support de ses citoyens. Potter fait bien de souligner que ce dilemme devient de plus en plus difficile à maintenir avec l’introduction en Chine d’une économie de marché. Les Chinois ne dépendent plus entièrement du gouvernement pour subvenir à leurs besoins mais également de leurs propres capacités et expertises les poussant, au grand désespoir du Parti, vers l’autonomie socio-économique.

    Cet article est très instructif dans le cadre de notre cours car il souligne l’importance de l’aspect politique de la sphère religieuse en Chine et toute la précarité avec laquelle le Parti maintient un équilibre entre l’autorité qu’il impose aux citoyens chinois et la tolérance qu’il leur accorde, prouvant ainsi que le PCC ne détient pas une emprise totale sur le pays. La religion et une épine dans le pied de la légitimité du PCC, mais il s’agit d’un  mal nécessaire pour qu’il ne perde pas la loyauté des citoyens chinois.

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