samedi 23 février 2013

« Le Qigong et Tradition Sectaire chinoise»

Texte de Forget, Catherine
David A. Palmer est spécialisé en anthropologie socio culturel, en religion, spiritualité et culture traditionnelle dans le Chine contemporaine. Également, il est responsable du centre EFEO depuis 2004, ainsi que membre du GSRL et du CECMC. Dans : « Le Qigong et Tradition Sectaire chinoise», l’auteur se base sur d’autres études portant sur le qigong, ainsi que les sectes pour fournir une analyse sur la place du qigong dans la Chine. Palmer dans un premier temps, fait un bref résumé de ce en quoi consiste le qigong en Chine. Par la suite, pour sa question principale, il se demande si le qigong fait parti du sectarisme.

Fondée par les cadres du PCC vers la fin des années 1940, le qigong est basé sur une technique traditionnelle de gymnastique du souffle. Il connu son premier essor vers la fin des années 1950 durant le Grand bond en avant et finalement interdit lors de la Révolution culturelle(1966-1968). Il fut finalement réhabilité en 1979.  Plusieurs lignées furent leur apparition et de ce fait même différentes méthodes furent enseignées.  Également, «ces lignées furent fédérées dans des associations semi-officielles affiliées aux instances médicales, scientifiques et sportives du gouvernement.» Au cours des années 1990, certains organes de l’État cherchèrent à exploiter monétairement les activités et produits relatifs au qigong. De plus, une nouvelle génération d’organisations mit en œuvre des stratégies d’expansion systématique à grande échelle. Entre autre, le Falungong, qui s’enracina dans la pratique du Qigong  pour diffuser un livre sacré, le Zhuan Falun, porteur d’une idéologie millénariste excessivement critiqué par les polémistes anti-qigong.


Enfin, en deuxième partie du texte, David A. Palmer détermine pourquoi est-ce que le Qigong fait parti de la tradition sectaire.  Une secte est : « Une association volontaire de croyants en rupture plus ou moins marquée avec l’environnement social et au sein de laquelle s’exerce une autorité religieuse de type charismatique. Alors qu’on naît membre d’une Église, on devient membre d’une Secte» (Hervieu-Léger et Willaime, 2001 : 73). De plus, l’adhésion à la secte est un acte volontaire, individuel, «qui demande un travail permanent de purification et de sanctifications personnelles» (Hervieu-Léger, 2001 : 142). Également, dans une secte du « Lotus Blanc», toute personne peut adhérer sans distinction de statut social, d’âge ou de sexe. Les rapports entre maîtres et disciples ne suivent pas la hiérarchie sociale confucéenne. Le même phénomène se retrouve dans le qigong. Également, le sectarisme chinois « offre un moyen aux individus de participer de manière consciente à la «grande tradition» chinoise, qui est pratiquement fermée à l’homme ordinaire qui n’est pas moine ou mandarin.» Aussi, la secte en soi est nouvelle, «la conception sectaire est d’être le tout antique duquel les traditions contributrices ne sont que des parties.» De ce fait, le qigong se voit comme un nouveau système qui englobe les différentes traditions tout en les ramenant à leur unité et à leur pureté d’origine. Dans ce sens, le qigong peut être inscrit dans l’histoire du sectarisme chinois tel que décrit dans la littérature savante et défini dans un sens sociologique. Également, la pratique de culture corporelle et de guérison occupent une place importante dans la vie sectaire et servent de propagation de la lignée sans être une fin en soi pour le qigong. Enfin, le monde sectaire a pour racine des réseaux souterrains constitués par les chaînes de maîtres et de disciple, remontant dans le passé et se perpétuant dans le futur. De ces réseaux souterrains émergent des groupements publics, à différents lieux et différentes périodes, quand la répression s’atténue et les circonstances le permettent. « Le monde du qigong est le produit d’une de ces périodes d’efflorescence, où de renaissance officielle permet aux réseaux souterrains de se manifester, aux maîtres de «sortir des montagnes» et de disséminer au grand public des méthodes adaptées aux réalités politiques et matérielles de la Chine contemporaine. Le qigong apparait donc comme une manifestation publique et contemporaine de la nébuleuse sectaire. Pour terminer, ce texte nous aide à situer les origines du qigong, ainsi que sa place dans la société chinoise à travers les décennies.

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