samedi 2 février 2013

Le Concept de Religion en Chine et l’Occident

Texte de Gabrielle Maisonneuve

GOOSSAERT, Vincent, «Le Concept de Religion en Chine et l’Occident», Diogène, Janvier 2004, n.205, p. 11 à 21

    Vincent Goossaert est un historien, détenteur d’un doctorat en histoire du taoïsme, directeur d’études à l’EPHE et directeur adjoint du Groupe Sociétés, Religions et Laïcités. Il a enseigné à la ChineseUniversity of Hong Kong et l’Université du Peuple à Pékin et se spécialise en politique religieuse.
    
    Cet article se penche sur «l’histoire moderne des relations entre l’État chinois et des structures religieuses de la société. » L’auteur veut «montrer l’importance du concept même de religion et des polémiques qui l’entourent dans l’histoire de ces relations conflictuelles. » Il est important de souligner que le concept de religion est vu différemment en Occident qu’en Chine et dans une grande partie de l’Asie. La sphère religieuse est beaucoup plus vaste et en même temps plus abstraite en Chine aux yeux des Occidentaux. Il s’agit d’un système pluraliste qui est beaucoup plus inclusif que les religions occidentales. Il englobe les pratiques des enseignements bouddhistes, taoïstes et confucéens qui représentent les trois «religions» institutionnalisées par le gouvernement en plus de certaines traditions sectaires approuvées par le PCC. Lesreligions en Chine «ne possèdent pas de structure ecclésiale ni d’autorité dogmatique globale», elles possèdent un clergé, une liturgie, un canon et des centres de formation comme des temples et des monastères. Les Chinois ne se disent pas bouddhistes, taoïstes ou confucéens comme des Occidentaux se disent catholiques ou juifs mais s’identifient plutôt à des communautés de cultes. Les pratiques monothéistes sont exclues de la sphère religieuse typique chinoise car les concepts d’adhésion exclusive et de monopole de la vérité ne se marient pas bien avec la nature inclusive des mœursnationaux.

   
    En 1912, la constitution de la République chinoise a reconnu la liberté religieuse à ses citoyens. Depuis cette date et encore aujourd’hui le gouvernement est confronté à un sujet de débat des plus intangible: diviser le «religieux» de la «superstition». Les «vraies» religions approuvées par le PCC demeurent à ce jour le catholicisme, le protestantisme, l’islam, le bouddhisme et le taoïsme (le confucianisme se rajoutera à la liste au cours des prochaines décennies). Le Parti se fit un devoir d’écarter ce qu’il considère comme des croyances populaires afin d’épurer les religions «authentiques» en Chine créant ainsi un conflit entre les pratiques religieuses locales et celles approuvées par le gouvernement. De nombreux rites traditionnels ont ainsi été «censurés» par le comité d’approbation religieuse comme les guérisons et les exorcismes dans les villages par les prêtres bouddhistes ou taoïstes. Le dessein ainsi visé par le PCCest d’exercer un contrôle sur les institutions religieuses chinoises, donc d’une partie importante du quotidien de ses citoyens.

    L’auteur termine son article en comparant la situation religieuse en Chine avec d’autres pays en Asie comme Bali où les pratiques et croyances ont dut subir une recomposition pour résister à l’influence et au contrôle occidental. Il est important de comprendre ainsi que le débat sur la question religieuse en Asie n’a pas seulement une dimension intellectuelle et confessionnelle mais aussi politique et que c’est cette dimension précise qui intéresse le plus le PCC qui assoit d’avantage son contrôle sur la population chinoise à travers les religions hautement trafiquées par ses membres. Cet article est pertinent pour le cadre de notre cours car il souligne l’importance de l’enjeu politique dans le débat religieux en Chine au lieu de le confiner à une simple question de spiritualité.

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