samedi 2 février 2013

Ritual Competition and the Modernizing Nation¬State

Texte de Esseghir, Nezly

"Ritual Competition and the Modernizing Nation¬State",
Auteur : Rebecca Nedostup

Rebecca Nedostup a obtenu son doctorat en Histoire moderne de la Chine à Columbia University en 2001. Elle a enseigné depuis à Perdue University et Boston College, et travaille actuellement à Brown University, au département d’Histoire, en qualité de professeure associée d’Histoire. Elle est spécialisée en histoire et culture de la Chine, et s’intéresse à la fois à la politique, à la culture et à la société de la Chine et de Taïwan au XXe siècle.
 
En 1930, le Guomindang poursuivait pour la troisième année consécutive sa tentative d’instaurer le calendrier « national », un calendrier républicain et grégorien combiné. Le calendrier constitue à lui seul un agent historique actif de l’histoire de la République Chinoise  moderne.  Tel qu’illustré par un de leurs slogans disant que le calendrier traditionnel lunaire était «le quartier général de la superstition », frein majeur au développement, la perception des nationalistes était que le renouveau politique et la modernité devaient passer par le remodelage  du rythme de la société à travers son calendrier. La superstition induite par les pratiques religieuses traditionnelles des masses dans les temples mettant la modernité en péril, elle  devait être supplantée par  l’idéologie nationaliste avec des rituels civiques menés par le gouvernement. C’est là que résidait l’enjeu de changer de calendrier : le calendrier lunaire rythmait la vie de la société au rythme des rituels religieux, le calendrier national devait rythmer la vie de la société au pas du nationalisme.


Mais le projet de modernisation laïque où le nationalisme devait remplacer la religion a été un échec, principalement parce que le Guomindang s’est pris dans un engrenage où il a placé son idéologie et sa vision de la république moderne en compétition contre la croyance religieuse, dans une sorte de course pour gagner les cœurs et les esprits des Chinois.
 
Né des idéaux des élites et des intellectuels qui ont pensé la république de Chine, le nationalisme du Guomindang s’est surtout attelé à s’occuper du fond, et a négligé la forme.  Et même si le calendrier moderne a finalement été instauré et que les festivals religieux ont été remplacés par des célébrations officielles, il n’a pas su trouver le cœur des Chinois.

L’exemple de la tentative d’élimination du festival des fantômes à Nanjing, ou plutôt de son remplacement dans le nouveau calendrier par un festival républicain nationaliste, démontre que, dans une compétition de croyance et d’idéologie ritualisées, la forme compte autant, sinon plus, que le fond. Les cérémonies officielles créées pour supplanter les festivités religieuses ont échoué à plus d’un titre. Les activités étant faites par et pour les officiels, elles ont creusé le fossé séparant le gouvernement de la population et n’ont laissé aucun champ participatif au peuple. De plus, trop rationalisées, ces cérémonies ont perdu tout de l’aspect festif, émotif et affectif des rituels qu’elles étaient sensées remplacer. Le Guomindang n’a pas réussi à forcer l’accès des cœurs chinois avec son calendrier national et ses rituels laïques. 
 
Au lieu de cela, la population a choisi de garder, même clandestinement, ses rituels locaux et  d’adapter les nouveaux rituels « nationaux » en leur combinant le lustre des croyances d’antan,  démontrant ainsi qu’idéologie, modernité, laïcité, croyances et  rituels civiques et religieux peuvent coexister sur un même territoire, sous un même ciel et dans un espace-temps commun.

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