samedi 9 février 2013

« Pour une définition de la laïcité française »

Texte de Raphaël Lachkar

Barbier Maurice , « Pour une définition de la laïcité française » ,
Le Débat, 2005/2 n° 134, p. 129-141. DOI : 10.3917/deba.134.0129

L’auteur et le contexte :
Maurice Barbier est docteur en sciences politiques. Il a publié plusieurs ouvrages concernant l’histoire de la pensée politique et les relations internationales, parmi lesquels Le conflit du Sahara occidental (L’Harmattan, 1982) et Le mal politique. Les critiques du pouvoir et de l’État (L’Harmattan, 1997). Il enseigne les sciences politiques à l’université de Nancy II.
L’auteur parle fréquemment de la commission Stasi et du contexte particulier qu’était celui du début des années 2000 en France. La commission Stasi, du nom du médiateur de la république en charge du projet, nait à la demande du président de la République Jacques Chirac afin de réfléchir sur l'application du principe de laïcité dans la République. Encore aujourd’hui l’intégration de l’Islam et des populations musulmanes soulèvent de nombreuses polémiques.

Résumé :
Barbier montre ici comment le concept de laïcité en France est peu soutenu par une définition stable, inconvénient majeur alors que dans le contexte actuel, l’on emploi le concept à toutes les sauces.
Il structure son argumentation en cinq points. Successivement il montre comment la laïcité comme lu et entendue en France veut tout dire et son contraire, il cherche alors à retrouver une définition plus claire issue des textes légaux pour dégager ensuite les deux dimensions de la laïcité française. Le quatrième point est employé à réfléchir sur l’amalgame entre laïcité et liberté religieuse, enfin, l’auteur rappel à quel point il est important de recentrer le débat et pourquoi.
Résumons point par point.


1.    La tendance à élargir la laïcité
L’auteur prend ici l’exemple du rapport Stasi (voir intro) qui pour expliquer le concept choisi deux voies parfois contradictoire :     La laïcité en temps que principe universel (associée à la liberté de conscience du culte, le devoir d’adaptation des religions, la nécessité du gouvernement et des institutions religieuses de cohabiter), définie par des facteurs habituellement impliqué par elle-même. La laïcité en temps que principe juridique ne faisant même pas mention de la séparation Église/État.

2.    La laïcité, notion négative
Ici Barbier s’applique à reconstruire à travers les textes de loi français (Lois de 1886, Constitutions de 1946 et 1958) une définition de laïcité. Dans les trois cas le trais commun concerne l’exclusion de la religion de la sphère publique, la laïcité est négative par définition puisque exclusive et non inclusive.

3.    Laïcité législative et laïcité constitutionnelle.
Selon l’auteur, les textes de loi présentent deux dimensions au concept de laïcité.
La laïcité législative regarde la séparation être l’Église et l’État. La laïcité constitutionnelle concerne le respect des croyances d’autrui. Les deux dimensions ne peuvent pourtant être confondues l’une dans l’autre. M. Barbier nous le prouve en nous rappelant le cas de l’Alsace Moselle :
« [... ] après leur retour à la France en 1919, ces trois départements de l’Est ont conservé le régime des cultes reconnus avec leur financement public, et la loi de séparation de 1905 ne s’applique pas à eux. Pourtant, cette situation n’est pas contraire à la Constitution (qui s’applique évidemment à ces trois départements) ni à la laïcité constitutionnelle. Par conséquent, celle-ci ne s’oppose pas à la reconnaissance des cultes ni à leur financement public, et elle est donc nécessairement différente de la laïcité législative. » (p.133).

4.    Laïcité et liberté religieuse
La dimension négative de la laïcité n’empêche pas l’existence de la liberté religieuse. L’auteur rappelle que la religion peut exister en dehors de l’État, dans le civil. Cela implique une séparation complétée entre « l’État et société civile, entre la sphère publique et le domaine privé. [...] La liberté religieuse est à la fois individuelle (liberté de conscience) et collective (liberté des communautés religieuses). » (p. 136)

5.    Recentrer la laïcité
L’auteur rappel l’importance de cette démarche en deux-points : l’État aujourd’hui se transforme et la présence de l’Islam en France.
Aujourd’hui l’État consulte les religions (questions éthiques, etc.) et la religion cherche à avoir une parole publique (celle du pape, sur l’avortement par exemple). Pour Barbier, il est important de bien redéfinir le domaine de l’État en ce qui touche les questions religieuses.
L’auteur rappel le contexte de naissance du concept de laïcité en France, spécifique, alors hostile au catholicisme (1905). Notre laïcité serait inadaptée face à une religion différente telle que l’Islam puisque née d’une réaction à une religion spécifique. De plus, l’Islam en France est idéologique et s’implique politiquement. Barbier exprime l’importance pour la France de « réduire l’Islam à une dimension religieuse ».

En conclusion, après avoir soulevé les principales tares de la définition de la laïcité en France, Maurice Barbier appel à la clarté.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire