Texte de Deschênes-Boutin Jérémie
R. LANDSBERGER, Stefan. « Mao as the kitchen God: Religious aspect of the Mao cult during the cultural revolution », China information, Vol. XI, 1996, pp.196-211.
Sinologue réputé formé à l’Université de Leiden aux Pays-Bas, Stefan R. Landsberger est spécialisé dans l’analyse de la propagande pictographique maoïste et son rôle dans le contrôle des masses. Possédant lui-même une des plus importantes collections d’affiches de propagande communiste, il s'intéresse dans de ce texte à l’évolution de l’art propagandiste chinois, à son intégration puis à sa substitution aux cultes traditionnels ainsi qu’à son rôle dans la création du culte de la personnalité entourant Mao.
En partie grâce à l’iconographie communiste propagandiste, Mao Zedong est passé d’un modèle adulé à une quasi-divinité omnisciente, incarnation même de l’idéologie communiste chinoise. L’art a été considéré par les stratèges du PCC comme le plus efficace vecteur de diffusion des paradigmes communistes chinois. Ayant la capacité de s’adresser à la masse de façon simple et efficace, la propagande iconographique avait comme doubles objectif la satisfaction des besoins culturels du peuple ainsi que la standardisation des moeurs et pensées populaires. Les premières images de propagande furent calquées sur l’art réaliste soviétique. Ces affiches mettaient généralement en scène des modèles militaires ainsi que des groupes de paysans en action, symbolisant ainsi les règles de travail et d’hygiène prônées par le PCC. Afin de favoriser le contact avec le peuple et maintenir un lien de continuité avec la culture populaire, des caractéristiques propres aux Traditonal new year print ont été incorporées à ces images. Bien qu’épurées de tout symbole religieux, de ces affiches devait émaner le même aura de bonheur et de prospérité que les images religieuses traditionnelles. Obéissant à des règles strictes de création, les affiches propagandistes représentaient une version idéalisée et stéréotypée de l’avenir. En établissant des modèles de conduite sociale et politique, celles-ci devaient représenter l’évolution de la réalité chinoise.
R. LANDSBERGER, Stefan. « Mao as the kitchen God: Religious aspect of the Mao cult during the cultural revolution », China information, Vol. XI, 1996, pp.196-211.
Sinologue réputé formé à l’Université de Leiden aux Pays-Bas, Stefan R. Landsberger est spécialisé dans l’analyse de la propagande pictographique maoïste et son rôle dans le contrôle des masses. Possédant lui-même une des plus importantes collections d’affiches de propagande communiste, il s'intéresse dans de ce texte à l’évolution de l’art propagandiste chinois, à son intégration puis à sa substitution aux cultes traditionnels ainsi qu’à son rôle dans la création du culte de la personnalité entourant Mao.
En partie grâce à l’iconographie communiste propagandiste, Mao Zedong est passé d’un modèle adulé à une quasi-divinité omnisciente, incarnation même de l’idéologie communiste chinoise. L’art a été considéré par les stratèges du PCC comme le plus efficace vecteur de diffusion des paradigmes communistes chinois. Ayant la capacité de s’adresser à la masse de façon simple et efficace, la propagande iconographique avait comme doubles objectif la satisfaction des besoins culturels du peuple ainsi que la standardisation des moeurs et pensées populaires. Les premières images de propagande furent calquées sur l’art réaliste soviétique. Ces affiches mettaient généralement en scène des modèles militaires ainsi que des groupes de paysans en action, symbolisant ainsi les règles de travail et d’hygiène prônées par le PCC. Afin de favoriser le contact avec le peuple et maintenir un lien de continuité avec la culture populaire, des caractéristiques propres aux Traditonal new year print ont été incorporées à ces images. Bien qu’épurées de tout symbole religieux, de ces affiches devait émaner le même aura de bonheur et de prospérité que les images religieuses traditionnelles. Obéissant à des règles strictes de création, les affiches propagandistes représentaient une version idéalisée et stéréotypée de l’avenir. En établissant des modèles de conduite sociale et politique, celles-ci devaient représenter l’évolution de la réalité chinoise.
Lors du « Grand Bond en avant », une restructuration du modèle réaliste alors utilisé fut effectuée afin d’y incorporer un « romantisme révolutionnaire » avec comme objectif premier d’éliminer la facette sombre propre à la propagande soviétique. En incorporant une aura triomphale à ses images de propagande, le PCC a probablement tenté de contrebalancer les carences présentes au sein de la population en lui présentant une vision reluisante de l’avenir.
Après l’échec du « Grand Bond en avant», Mao s’appuya de plus en plus sur l’Armée populaire de Libération afin d’améliorer son image. À partir de cette époque, le culte de la personnalité de Mao ne fit que s’exacerber. Devenant un objet d'idolâtrie, Mao incarna la personnification des idéaux communistes chinois. La diffusion de masse de son image et de ses citations ( petit livre rouge) encouragea une déification de sa personne qui vint se substituer aux cultes et religions ancestrales. On assista à cette époque à une forme de syncrétisme entre le monde temporel et spirituel alors que l’image de Mao s'inséra graduellement dans les lieux de cultes et que des rituels y furent associés. Tout en établissant clairement le statut supérieur du « leader suprême », ces images devaient aussi le représenter comme un homme du peuple, simple et accessible.
La divinisation de Mao permit d’établir un modèle d'orthodoxie immuable qui devait constituer le pilier de l’autorité du PCC. La création d’une icône maoïste permit au Parti unique de produire et valider une multitude de politiques en son nom alors que celui-ci, dû à son état de santé, ne participait presque plus à la sphère politique. Le culte porté à ses images et ses écrits devint ainsi un dogme immuable justifiant toute forme de répression. À cette époque, d’autres images représentant des mises en scène paysannes et guerrières furent aussi diffusées afin de répondre au rôle de cohésion et d'éducation soutenu par l’art propagandiste.
Alors qu’on assista au cours des années 70 à une « humanisation» accrue de l’image de Mao ainsi qu’à un retour des religions autrefois proscrites, le « leader suprême » resta tout de même à la représentation de l’idéal révolutionnaire chinois. Son image est aujourd’hui adulée et son et synonyme de bonheur, prospérité et bonne fortune. En choisissant, consciemment ou non, d’émanciper sa mémoire de toutes les horreurs y étant liées, le peuple chinois et son gouvernement garantit à Mao une vie éternelle au sein du panthéon révolutionnaire chinois.
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