Texte de Clémentine Cloutier
The religious question in Modern China – Vincent Goosert et David A. Palmer
L’historien Vincent Goosaert a obtenu son doctorat à Paris en 1997 et depuis 1998 est un chercheur au CNRS (Centre National de Recherche Scientifique). Il est spécialisé dans l’histoire de la Chine et de la religion Taoïste. Il a publié plusieurs livres sur les temples chinois et la relation entre l’État et la religion.
L’anthropologue David A. Palmer, après avoir étudié à Mc Gill, Brown University, University of Paris et École Pratique des Hautes Études a donné des cours un peu partout dans le monde en sociologie et en anthropologie. Ayant été membre du Conseil Scientifique de l’École Française d’Extrême Orient, il est actuellement le principal chercheur sur le projet de recherche intitulé « Volunteerism in Contemporary China: Moral Discourse and Social Spaces ».
Ensemble, ils ont publié « The religious question in Modern China » en 2011. Ce livre assez descriptif et subjectif, parle des transformations religieuses et de l’évolution de la Chine depuis la période impériale.
Nous allons nous concentrer sur leur deuxième chapitre « Idéologie, religion, et construction d’un État moderne, 1898-1937 », divisé en quatre grandes parties qui ont toutes en commun la modernisation de la Chine et sa relation avec l’État: les réformes de 1898, le mouvement anti superstition, le nouvel État nation et ses politiques religieuse, et le mouvement nationaliste.
Les projets de modernisation de la Chine pendant sa transition d’Empire à République consistaient principalement à la destruction de la religion de l’ancien régime. La première étape a été de nationaliser les temples pour les moderniser : Zhang Zhidong était le père de ce mouvement. Des réformistes comme Kang Youwei voulaient détruire les temples et construire quelque chose d’entièrement nouveau sur ses ruines. Sa volonté a été transformée par l’empereur Guang en édit qui a été perçu négativement par la presse. L’édit visait à créer un système moderne, inspiré de l’occident chrétien pour augmenter la chance de survie de la Chine dans un contexte impérialiste.
Les confiscations des temples ont causé des conflits locaux majoritairement violents et armés, confrontant l’élite locale chargée de la modernisation politique et la communauté villageoise et les chefs.
Pendant ce temps, des néologismes japonais sont apparus pour décrire des notions occidentales inexistantes encore dans le langage chinois et ont entraîné une division totale entre l’acceptable zongjiao (religion) et l’inacceptable mixin (superstition).
Les convictions des adhérents de ce mouvement d’anti superstition étaient d’améliorer la condition spirituelle de la Chine et de changer les habitudes religieuses par des actes de propagande (ex : livre de Saomi Zhou prouvant qu’il n’y a pas d’immortels, de Dieux, de bouddhas…). L’anti superstition était une attaque contre les cultes locaux mais aussi contre la version impériale du Confucianisme (géomancie (fengshui), vénération de statues). Le 1er gouvernement de la République a établi en 1912 une Société pour les réformes sociales luttant contre les superstitions.
Pour plusieurs intellectuels, la Chine avait besoin d’une religion nationale et à leurs yeux, seul le Confucianisme était adéquat. L’État était prêt à reconnaître les religions comme étant des systèmes éthiques si elles éliminaient leurs superstitions (c’est-à-dire la majorité de leurs rituels); 5 religions ont été reconnues par l’État : Catholicisme, Protestantisme, Islam, Bouddhisme, Taoïsme.
La République de Sun Yat-sen considérait la Chine comme étant constituée de 5 nationalités (les Han, Man, Meng, Zang, et les Hui). Mais sa politique nationale allait en contradiction avec la politique religieuse de liberté de religion : les membres d’un groupe ethnique étaient automatiquement attitrés à la religion de leur territoire.
Des leaders nationalistes progressifs ont eu plus d’autonomie en échange de leur coopération pour appliquer les politiques de l’anti superstition (ex : pouvoir décisionnel des associations Bouddhistes et taoïstes sur l’administration des temples) pendant le Régime nationaliste de 1927. Des lois sont passées pour éradiquer la superstition sous toutes ses formes (professions comme divins, mediums…), pour la surveillance nationale des temples afin de mieux contrôler le pays car dans les décennies précédentes, les communautés des temples et cultes se sont développées hors du contrôle de l’État. Mais ce plan de contrôle a été un échec. Les membres du parti et les agents de l’État n’étaient pas toujours d’accord sur les moyens utilisés pour éradiquer la superstition et des actes extrémistes se sont produits.
En conclusion, même le Tibet et le Nord-Ouest de la Chine, bien que reculés, ont connu des efforts de modernisation quoique moins extrêmes. La Chine est passée sous plusieurs influences, que se soit de régime ou de mouvements nationaux, toutes ayant une vision différente de la relation État-religion. D’après ce texte, la religion énerve l’État chinois car elle se propage dans des endroits où l’État n’a pas vraiment de contrôle (villages, petites communautés) car la Chine est un pays très vaste. Bien que l’État ait adopté plusieurs mesures, légales ou non, aiguisant la tension en Chine, pour tenter de contrôler la religion, elle garde encore une place importante dans la société chinoise actuelle.
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