Le Qigong, une expression de la modernité chinoise
Texte écrit par Simon Deschênes
Despeux, Catherine. « Le Qigong, une expression de la modernité chinoise », in Gernet, Jacques et Kalinowski, eds En suivant la voie royale : mélanges offerts en hommage à Léon Vandermeersch, Paris : École française d'Extrême-Orient, 1977, p.267-281.
Catherine Despeux est une sinologue française spécialisée dans le taoïsme et le tai-chi-chuan. Elle est également enseignante à l’Institut national des langues et civilisations orientales.
Dans un premier temps, l’auteur décrit brièvement le qigong. Ce dernier peut être décrit comme un « un exercice du souffle », un ensemble de technique de respiration, mais qui comprend également une gymnastique. Par ailleurs, bien que le qigong, dans la forme qu’on lui donne présentement, soit un produit du régime maoïste, certaines de ses racines se trouvent dans la tradition antique. Toutefois, puisque le qigong n’a pas de cadre spécifique, le concept connaîtra de nombreuses ramifications en fonction du contexte social et doctrinal. De manière générale, on peut diviser le qigong en « écoles » : taoïste, bouddhiste, confucéenne et médicale.
Par la suite, l’auteure se lance dans une approche sociohistorique du développement du qigong. Tout d’abord, les premières institutions officielles voient le jour entre 1955 et 1960 grâce à Liu Guizhen, un fervent activiste communiste. Ces établissements avaient pour mission d’assurer la santé du peuple à l’aide d’une combinaison entre la médecine traditionnelle chinoise et la médecine moderne. De plus, Liu, en fondant la première institution qigong, permit du coup de former de nouvelles personnes, popularisant du coup cet enseignement. Malgré le fait que son institut sera détruit durant la Révolution culturelle, il sera reconstruit dans les années 80.
Également, à partir des années 80, le qigong deviendra un outil à buts multiples. C’est aussi durant cette période que le qigong deviendra un sujet d’étude scientifique et devient même une matière d’enseignement dans les universités chinoises. Par contre, le rapprochement entre qigong et la science est loin d’être apprécié par tout le monde. D’une part, il y avait toujours la présence de ce schisme entre tradition et modernité en ce qui concerne l’approche de la pratique du qigong. D’autre part, les documents scientifiques produits sont loin de plaire aux Occidentaux. Cela s’explique notamment par une conception différente de la science. Pour les Chinois, on inclut également les expériences empiriques acquises au cours de la pratique. L’efficacité du résultat peut suffire à valider une expérience.
Finalement, l’auteure établit un lien entre le discours sur le qigong et la question identitaire chinoise. D’une part, le qigong même si les Chinois ont incorporé des techniques modernes, l’essence de cette pratique demeure quand même traditionnelle, permettant ainsi de conserver une certaine « identité chinoise ». Par ailleurs, le discours sur le qigong le fait paraître non seulement comme étant bénéfique sur le plan social, mais aussi dans la sphère économique.
Ainsi, le texte de Mme Despeux permet de saisir le contexte général du qigong. Toutefois, on peut noter une certaine faiblesse argumentative à la fin du texte lorsqu’elle mentionne que l’État se sert du qigong pour contrôler le phénomène religieux. Elle ne fait appel à aucune référence et la perspective semble un peu trop simpliste.
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