samedi 23 février 2013

Questions Concerning Qigong

Texte de Benoit Desormeaux

Questions Concerning Qigong

Ce texte rapporte le contenu d’une entrevue accordée le 21 décembre 1990 par un représentant du National Administrative Bureau of Chinese Traditional Medecine à une agence de nouvelles chinoises, le Peoples Daily, Central TV and Central Broadcasting, répondant à des questions portant sur le Qigong. Ce représentant nommé Xing Sishao est le chef du département des politiques et règlements du Bureau administratif de médecine chinoise traditionnelle et il répond à des questions concernant l’encadrement qui doit prévaloir dans la pratique du Qigong.

Sishao explique d’abord ce qu’est le Qigong. Il s’agit d’un traitement qui s’exerce par l’autodiscipline, l’ouverture aux méridiens, la régulation de la santé mentale et l’équilibre du Ying et du Yang (loi fondamentale selon laquelle deux phases s’opposent et se complètent). En conséquence, cette approche thérapeutique faisant partie de la médecine traditionnelle doit, selon Sishao, être sous le contrôle du Bureau national de médecine traditionnelle. Il trouve incorrecte l’existence d’une pratique parallèle du Qigong, qu’il nomme paranormale en référant aux arts martiaux Qigong et qui échappe au contrôle de l’État. Il réaffirme son intention de renforcer le développement sain de la thérapie Qigong.


Sishao élabore ensuite sur l’encadrement qu’il juge nécessaire à la pratique de toute activité physique, en référant aux responsabilités, aux qualifications, aux connaissances de même qu’à l’habilité technique qui doivent justifier le titre de « personnel professionnel et technique ». Cet encadrement ressemble beaucoup à un Ordre professionnel tel que nous le connaissons dans différentes professions, à cette différence importante qu’il doit être approuvé par le Parti. À sa connaissance toutefois, aucun des groupes se réclamant de la profession Qigong à titre de « maître Qigong » ou son équivalent n’a été approuvé et ces groupes sont donc jugés « invalides » ou non conformes. En fait, les thérapeutes Qigong sont inclus dans le « personnel médical traditionnel chinois » et sont classés en 4 groupes : « thérapeutique, pharmaceutique, infirmier et technique », chaque groupe ayant sa propre hiérarchie interne. Tous les thérapeutes Qigong doivent avoir au préalable le poste « d’officier médical » ou une qualification supérieure; ils doivent aussi posséder le savoir-faire de la technique. L’argument invoqué par Sishao est que les thérapeutes Qigong n’ayant pas les qualifications requises peuvent mettre la sécurité d’un patient en danger et qu’un tel risque ne peut être toléré.

Questionné sur les effets thérapeutiques allégués du traitement « projetant le Qi à l’extérieur du corps », Sishao répond que cette pratique demeure sujette à des recherches plus poussées et soutenues par une méthode scientifique! Il poursuit ensuite en affirmant que des « expériences scientifiques ont prouvé que le Qi existe, possiblement sous forme de rayon infrarouge, de courants micro-ondes, d’ondes électromagnétiques, de champs d’énergies biologiques, etc. »! Et encore, qu’on pense que le Qi pourrait être une substance non clairement identifiée ou expliquée en termes scientifiques modernes! Selon lui, certains croient que la lumière solaire, l’électricité, la chaleur, le magnésium ont des caractéristiques biologiques et physiques possédées par tous. Il mentionne enfin, sans doute à bon droit, que la projection du Qi à l’extérieur du corps demeure un sujet de débat encore en cours d’étude et de recherche.  Ainsi, en l’absence de consensus académique, il est impossible d’intervenir sur un plan administratif.

Sishao rappelle que l’académisme et la loi représentent deux concepts différents, la loi du gouvernement devant être respectée par tous. Il s’en suit donc que ceux qui pratiquent la projection Qi à l’extérieur du corps s’exposent à une enquête, même s’ils détiennent les qualifications de « Medical Officer » et qu’ils risquent de perdre leur enregistrement.

Cette entrevue permet de comprendre l’encadrement strict exercé directement par le gouvernement, par l’intermédiaire d’une section administrative du département de médecine chinoise traditionnelle et non par un Ordre professionnel tel que nous le connaissons en Occident.

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