samedi 2 février 2013

"Le concept de religion en Chine et l’Occident"


Texte de Mélissande Poupart-Soucy

Vincent Goossaert, "Le concept de religion en Chine et l’Occident," Diogène, 2004/1 n° 205, p. 11-21.

Vincent Goosaert est un historien travaillant sur l’histoire sociale de la religion chinoise moderne. Il a obtenu son doctorat à EPHE à Paris en 1997. Il est le directeur adjoint du « Groupe, Société, Religions, Laïcités, EPHE-CNRS».  Il a également dirigé le projet international de recherche sur les taoïstes et les temples dans les villes chinoises modernes. Il a écrit de nombreux articles et livres sur le taoïsme et le bouddhisme.

L’auteur explique dans un premier temps ce qu’est la « religion chinoise » et en quoi le terme de « religion » est différent du concept occidental. Par exemple, des communautés vénèrent certains saints sans pour autant être confucianistes, bouddhistes ou encore taoïstes et pourtant, ces communautés vont prendre un peu de chacune de ces philosophies. En effet, la population va vénérer des préceptes de chacune de ces philosophies et les utiliser dans leur vie au gré de leurs besoins. C’est le contraire de ce qui se passe en occident où on retrouve les religions monothéistes, qui font en sorte que l’on ne peut adhérer qu’à une seule d’entre elle. Comme sources, l’auteur se sert de ses propres articles ainsi que de plusieurs articles et monographies récentes sur diverses religions.

Puis l'auteur va ensuite démontrer les changements dans les religions chinoises au début du XXème siècle, avec l’adoption du concept de religion au sens occidental du terme.
 À partir de 1912,  les religions sont purgées peu à peu de leurs superstitions, lesquelles étaient mal vues par les fonctionnaires. Cela va provoquer la protection ou la destruction de temples, de rites et de fêtes locales. Cela perdure encore maintenant et l'État demande même l'aide de scientifiques et de chercheurs en science des religions pour travailler sur la question. Ensuite, a été ajouté au concept de religion, le critère de «fidèle», qui correspond à quelqu'un qui a la foi et qui suit les enseignements et les pratiques de cette religion. Mais ce concept s'applique mal à une religion chinoise. Goossaert termine ce point en affirmant que la politique religieuse sert à réduire «le champ légitime du religieux», pour ensuite mieux contrôler les religions qui restent.

Par la suite, l'auteur démontre que l'adoption du terme de «religion» à l’occidental a eu une influence importante au sein même des «religions» chinoises. Par exemple, le bouddhisme et le taoïsme ont dû laisser de côté les petits temples locaux et ont dû délaisser certaines caractéristiques des religions chinoises pour se distinguer d’elles. Ces deux religions vont s’institutionnaliser au cours du XXème siècle. Un autre impact qu’a eu cette adoption, est que les groupes sectaires se sont mis à adopter ces critères pour se faire accepter comme religion, mais cela a échoué à cause du régime communiste qui refusait de les accepter.

Gossaert termine son article en disant que ce n’est pas qu’en Chine que l’on retrouve ce problème avec l’adoption de ce nouveau terme du mot « religion », d’autres pays asiatiques comme l’Inde et l’Indonésie ont dû faire face aux mêmes problèmes, mais que le cas de la Chine a été beaucoup plus radical pour recomposer les religions.

Ce texte permet de bien comprendre les différences entre les « religions chinoises d’origine » et le terme de « religion » au sens occidental du terme. Cela permet également de mieux comprendre les changements qui ont eu lieux au XXème siècle dans les religions importantes chinoises comme le taoïsme et le bouddhisme.

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